Extraits

Bien sûr, il y aurait des obstacles à surmonter et des conflits à résoudre ; et il allait devoir trouver quelque chose de productif à faire de sa vie.

Mais s’il avait appris une chose, au cours de ses quatre siècles d’existence…

Avec l’amour… tout était possible. 

Il esquissa un sourire ; ou ce qui, chez n’importe qui d’autre que son Viszs, aurait ressemblé à un sourire de clown.

— Eh. Tu veux qu’on aille baiser ?

Jane s’esclaffa.

— Oui. Je veux bien.

— OhputainmonDieucesttotalementlabonneréponse.

Car peu importe ce qui arrivait, elle devait s’assurer que son mâle était en sécurité. Parce que c’était ce que faisaient les vraies femmes.

Les vraies femmes n’attendaient pas que leur tueur de dragon vienne les sauver.

Elles se comportaient en véritables coéquipières ; et se montraient fort douées avec une arme.

Eh ouais.

La vengeance… était un plat bien plus savoureux quand on le servait calmement.

— Bon sang, marmonna-t-il en fermant les yeux.

Certes, cette histoire avec sa mère n’était pas un problème. Mais Lassiter, apparemment, était vraiment le nouveau chef de l’espèce.

Génial, rien de tel que de mettre un gamin de cinq ans au volant d’une voiture et de lui filer les clés.

Grandes ailes d’ange mises à part, l’histoire de l’espèce, qui n’était déjà pas de tout repos, allait être encore plus chaotique.

Il s’arrêta au pied des marches menant à la porte de la Fosse.

— Sais-tu ce qui est encore plus important que l’amour à mes yeux ?

— Quoi donc ?

V. la changea de position pour pouvoir la regarder dans les yeux.

— La confiance est plus importante pour moi. Et je me rends compte… que tu as protégé mes arrières.

Jane lui caressa le visage, puis fit courir ses doigts sur les symboles tatoués de sa tempe.

— La confiance n’est qu’un autre mot pour l’« amour », répondit-elle.

— Vovo ! s’écria Marisol. Est-ce que tu es sérieuse ?

L’interpellée posa un bras sur son front.

— Je sens m’évanouir. Je sens pas bien…

Alarmé, Ahssaut se rua sur la porte.

— Madame ! Je dois appeler…

— C’est du pipeau, rétorqua Marisol, les mains sur les hanches. Pourquoi, alors, ces machines ne sonnent-elles pas ?

Mme Carvalho baissa le bras et parut agacée par le raisonnement.

— Elles marchent pas. De la camelote.

Elles restèrent assises en silence un petit moment. Puis sa grand-mère ferma les paupières.

— Si tu ne l’épouses pas, je vais mourir…

— Vovo ! Qu’est-ce que tu racontes !

La vieille dame rouvrit un œil.

— Que si tu ne l’épouses pas, cela me tuera et que tu auras ma mort sur la conscience jusqu’à la fin de tes jours. Voilà ce que je raconte.

Juste au moment où Sola allait rétorquer que ce n’était pas juste, sa grand-mère lui fit un clin d’œil.

— Je t’ai eue.

Après que Vhif eut fait demi-tour dans l’allée et se soit garé en marche arrière dans la grange, Jane sortit du véhicule et inspira profondément. Elle n’avait toujours aucune idée de ce qu’elle allait dire à la famille du civil. Cause de la mort : arrêt cardiaque suite à une blessure traumatique. Cause de la résurrection : aucune idée. Seconde cause de la mort : incinération par la main de mon compagnon.

Se penchant vers sa grand-mère, la jeune femme plaça le rosaire dans la main de sa vovo et parla en espagnol.

— Ne me quitte pas.

— Tu épouses cet homme, dit sa grand-mère d’une voix faible. Tu l’épouses.

— D’accord, vovo. Je le ferai.

— C’est promis ?

— Tu n’es pas mourante.

— C’est la volonté de Dieu, pas la mienne. Je suis heureuse de Le retrouver maintenant que je sais que tu as quelqu’un pour t’aimer.

Sola s’essuya les yeux.

— Tu ne vas aller nulle part, grand-mère.

— Tu es à l’abri avec lui. Il te contemple… comme si tu étais tout son monde. Cela me rend heureuse…, je peux mourir heureuse à présent.

— Cesse de parler comme ça. Tout de suite.

— Mon enfant…

Sa grand-mère parut avoir du mal à retrouver ses esprits. Mais elle tendit le bras et caressa le visage de sa petite-fille.

— Je suis vieille. Mon temps est venu, je ne peux pas vivre éternellement. Mais à présent… je n’ai plus à m’inquiéter. Il prendra soin de toi. Je suis… en paix tant que tu me jures immédiatement que… tu l’épouseras.

Sola dut s’essuyer les yeux encore une fois. Ce n’était pas en train d’arriver, se dit-elle. Ce ne pouvait pas arriver. Elle n’avait pas ramené sa grand-mère dans le Nord pour qu’elle y meure.

Oh, mon Dieu, je l’ai tuée, songea-t-elle.

— Marisol, jure-le-moi.

La voix était faible ; pas l’exigence.

— Sans quoi je ne pourrai être en paix.

— Je te le jure… je l’épouserai.