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Violon se contente de plier un genou, pour la forme. Il ressent pourtant une présence, ou un souffle, qui plane par-dessus les toits, s'étend jusqu'aux versants du Carmel, recouvre les dunes qui longent le littoral. Une présence invisible qui n'est pas forcément Dieu. Plutôt une sorte de rayonnement implacable qui rend tout plus clair, plus avéré. Est-ce dû à la lumière éclatante qui, ici, ne s'encombre pas de nuances? François a l'impression que ce pays aride et dur lui lance un défi.
Afficher en entierLeur présence est vouée à y être précaire, transitoire, tout simplement parce qu'ils commettent tous la même bourde, les uns après les autres, depuis des siècles: ils se trompent sans cesse de question. A qui appartient donc la Terre sainte? A celui qui la possède? A celui qui l'occupe? A celui qui l'aime? Si elle est vraiment aussi sainte qu'on le dit,une telle terre ne peut être conquise par les armes. Elle ne peut être possession, domaine ou encore territoire. Et, en ce cas, ne devrait-on pas inverser la question et demander: quel peuple lui appartient donc? Pour de bon.
Afficher en entier«Je tombe sur ceci, à propos du poète François Villon, condamné à être pendu :
Le 5 janvier 1463, le Parlement casse le jugement et bannit Villon de Paris. Nul ne sait ce qu’il advint de lui par la suite.
Comment résister à une telle invite !
D’autant plus que Villon est le héros romanesque par excellence. Téméraire, attachant, tragique, rebelle. Mais aussi farceur, gredin, mystérieux. Parfait pour un récit d’aventures. Et puis Villon, c’est surtout un combat. Des comptes à régler avec le pouvoir, l’injustice, la souffrance humaine. Une épopée de l’esprit et de la lutte pour la liberté. Impossible de cantonner un tel personnage dans un seul lieu, un seul niveau de lecture, une seule intrigue. Enfin, il y a les livres. Autres héros de cette histoire. Et la poésie.
L’invite se transforme vite en défi.
C’est alors que je fais appel à la Confrérie des chasseurs de livres. Constituée d’érudits, de mercenaires, de mécènes, d’agents secrets, elle offre à Villon une mission à la mesure de son génie débridé. Et de son insolence. Mais comme c’est à l’esprit contestataire que mon roman rend hommage, Villon n’obéira pas aveuglément aux consignes et montera son propre coup d’éclat. En franc-tireur.
Ces mêmes chasseurs de livres possèdent un arsenal de manuscrits et éditions dont la diversité abracadabrante me donne toute licence pour inclure en un même volume un conte picaresque, un écrit subversif, un traité de bibliophilie, un roman d’espionnage, un essai de psychologie, quelques poésies et deux canulars. Seule façon de mettre en scène une destinée aussi riche et complexe que celle de Villon sans la priver de sa dimension de légende.
Mon précédent héros s’était mis dans l’idée de Sauver Mozart. Villon, lui, va sauver ce qu’il appelle la Parole. Et par là, tous deux sauvent leur âme, sinon la nôtre. On ne peut sauver la musique qu’en la jouant. Et la parole qu’en parlant. Ou en écrivant. Même des histoires. Surtout des histoires.
Ceci est l’une d’elles. »
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