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La reine Zoe se tourna vers sa fille et lâcha du bout des lèvres :
— Parmi tous ces Jackson, il y en a quand même un qui a réussi…
La princesse Natalia Santina regarda à contrecœur celui dont sa mère venait de faire l’éloge : Ben Jackson, le frère aîné d’Allegra, devenu milliardaire par son seul mérite.
Mais aux yeux de la reine Zoe, l’argent ne comptait pas. N’importe qui, aimait-elle à répéter en haussant ses sourcils fins au dessin parfait, pouvait faire de l’argent. Pour elle, les origines d’une personne en disaient plus long que son compte en banque. Néanmoins, elle avait bien dû accepter le choix de son fils aîné, Alessandro, dont on fêtait ce soir les fiançailles avec Allegra, l’une des filles de Bobby Jackson, ex-footballeur dont les frasques s’étalaient régulièrement dans les journaux à sensation…
Pour Natalia, la reine avait choisi le prince Michel de Montenavarre qui, Dieu merci, venait de rompre son engagement. Les goûts de sa future épouse représentaient un obstacle insurmontable pour lui, avait-il allégué. Ce qui était sans doute vrai, et de toute façon Natalia n’avait pas l’intention de passer sa vie au fin fond des Alpes, dans un vieux château exposé aux courants d’air, à écouter son mari raconter à loisir la noble et fastidieuse histoire de son pays.
Certes, un avenir incertain s’ouvrait de nouveau devant elle, mais pour le moment Natalia se contentait de savourer ce sursis inespéré.
Elle plissa les yeux en examinant la haute silhouette de Ben Jackson. Vêtu d’un costume gris clair bien coupé, une cravate sobre, d’un beau bleu foncé uni ressortant sur sa chemise blanche, il bavardait avec un autre invité en esquissant de temps en temps un geste de la main, retenu et précis. A la différence de son père, qui se faisait remarquer par sa cravate voyante, sa voix tonitruante et ses gesticulations, caractéristiques de la catégorie des nouveaux riches, Ben Jackson était le parangon de l’élégance discrète et masculine.
— Que fait-il, exactement ? demanda-t-elle d’un ton détaché.
Aussitôt, la reine Zoe se raidit, choquée par la vulgarité d’une telle question. Pour elle, bien sûr, les gens valables ne faisaient rien. Du moins pas pour de l’argent. Elle semblait ignorer que son propre fils, l’héritier du trône, s’était lancé lui-même dans les affaires et y réussissait fort bien.
— D’après ce que je sais, il est entrepreneur. Dans la finance, je crois.
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