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Enza finit par me repousser, car mes baisers devenaient chaque seconde plus douloureux. Elle me scruta un bref instant qui me sembla durer une petite éternité, avant de reposer le couteau qu’elle tenait et de tourner les talons. Finalement, ce n’était pas de la regarder partir qui me fit sentir si insignifiant, mais l’indifférence scintillante dans ses yeux. Je ne pourrais jamais l’aimer comme je le voulais. Elle l’avait compris. Et c’était bien ça le pire.

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On dirait que New York est devenu un no men’s land pour les nymphes.

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J’avais la sensation que c’était seulement de cette façon que j’allais être capable de continuer à me mesurer à la vie. Je n’avais jamais vécu ma vie, je l’avais toujours affrontée.

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Je voyais encore les vampires sauter un à un dans l’Hudson, puis du sang le colorer et s’étendre jusqu’aux pieds du pont de Brooklyn. C’était sans conteste l’œuvre d’une ou plusieurs nymphes des eaux… Le hic, c’était qu’aucune nymphe ne tuait pour se nourrir, nous ne prenions que l’énergie vitale des vampires. Cette boucherie n’avait aucun sens.

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Il y avait des silences pesants, des silences qui s’infiltraient sous notre peau et rongeaient petit à petit tout sur leur passage, ils étaient ce picotement qui s’intensifiait constamment et qui paraissait sans fin. Cette fameuse sensation faisait perdre la tête aux plus sains d’esprit. Certains silences étaient désagréables, mais nécessaires. Ils étaient parfois indispensables pour calmer la guerre alors qu’elle couvait toujours, tandis que d’autres ne faisaient qu’accroître les conflits. Bien des silences étaient lourds de mystères et terrifiaient ceux qui avaient été pris au piège. Ils étaient l’ombre qui se dressait soudain au pied du lit alors que la nuit rôdait déjà par la fenêtre. Autour de nous, tout était silencieux. Je sentais le silence ramper vers moi, résister à mes coups de pied vengeurs et tendre ses doigts crochus vers moi pour enserrer mes chevilles tremblantes. J’avais beau tenter de m’y soustraire, il revenait chaque fois encore plus près. Son souffle glacé me balayait le visage et m’empêchait de me débattre en paix avec mes pensées confuses. Pourtant, ce silence n’était que le calme avant la tempête. J’aurais dû l’accueillir avec joie et le chérir, mais je ne faisais que penser à l’instant où l’orage allait se lever et balayer mon monde en un instant. Du moins, tout dépendait de ce qu’il restait de mon monde à ce moment précis… Je craignais depuis déjà quelque temps qu’il ne soit plus qu’un bout de papier chiffonné et abandonné quelque part. Je relevai les yeux et croisai le regard vert de mon ennemi juré. Il ne me regardait pas, mais je voyais les bourrasques d’un ouragan onduler dans ses prunelles. Ses muscles étaient crispés autour de moi, comme s’ils s’apprêtaient à se refermer sur mon corps et me voler une vie déjà convoitée par la plupart des New-Yorkais. Une vie à laquelle il avait renoncé à s’attaquer.

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