Extraits

À part quelques chaises, il n’y avait pas de meubles à transporter ; l’essentiel était déjà dans les roulottes. Même les matelas et couvertures étaient préparés sur les couchettes. Les ouvriers avaient complété l’installation en étendant sur le sol un épais linoléum gris, qui remontait légèrement le long des parois en guise de plinthe pour éviter tout courant d’air. Par-dessus étaient disposées les descentes de lit gris clair qu’avaient choisies les enfants.

QUEL bonheur ! Papa – qui avait dû passer deux longues années au Canada, où le retenait son travail – Papa était enfin de retour !

Maman souriait toute la journée, et les trois enfants manifestaient bruyamment leur joie.

Bientôt, Papa et Maman parlèrent d’une question très importante : celle du logement.

Jusqu’alors, toute la famille avait habité chez Bonne-Maman. Mais les enfants avaient grandi, et l’appartement de Bonne-Maman était devenu trop petit.

« Tant mieux ! s’écria Papa.

— Pourquoi tant mieux ? demanda Maman.

— Parce que nous allons maintenant avoir une maison bien à nous.

— Où cela ?

— Je ne sais pas encore. Nous allons chercher. »

Nicolas, l’aîné des enfants, s’exclama avec enthousiasme :

« Une petite villa sensationnelle à la campagne !

— Qui s’appellera Les Cerises ! » ajouta sa sœur Marie-Joëlle.

Papa avait les clefs maintenant, aussi pouvait-on entrer. Bonne-Maman et Marie-Joëlle montèrent les marches pour atteindre la porte. Celle-ci était bizarre. Elle était en deux morceaux, et on pouvait l’ouvrir tout entière si on voulait, ou seulement la partie du haut, en laissant le bas fermé.

« Tu ne penses pas que c’est une trouvaille ? demanda Marie-Joëlle à Bonne-Maman. Aucune de tes portes n’ouvre comme ça. Maintenant, regarde toute la place qu’il y a dedans. Ce sera la roulotte des parents. »

Bonne-Maman jeta les yeux autour d’elle. Elle vit une sorte de vaste pièce, avec deux petites fenêtres sur le devant, et une plus grande de chaque côté ; dans un coin, un vieux poêle, à côté d’un évier