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Je retourne souvent dans ma cabane, sous le piano de papa. Je me rappelle le temps où je pouvais m'y tenir à genoux. Maintenant, même assise je dois me pencher pour ne pas me cogner. Ou alors je m'adosse à un des pieds (celui qui est sous la queue) et je regarde les pédales. Lorsque papa jouait il y avait toujours un grincement sous le clavier. Longtemps je me suis demandé s'il venait des pédales ou des chaussures de papa. Un jour, il a joué pieds nus et le grincement était toujours là. A cette époque, "mettre la pédale" me paraissait une science mystérieuse. Ma raison de grandir, contrairement à celle des autres enfants n'était pas de dépasser mes frères et sœurs, ou de pouvoir attraper un biscuit sur l'étagère la plus haute, mais de permettre à mes pieds d'atteindre les pédales du piano. Grandir, pour moi, c'était me rapprocher du sol, atterrir.
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