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Hell connaissait la peine. Elle faisait partie intégrante de sa personnalité. Pourtant, celle qu’elle ressentit ce jour-là, elle n’y avait jamais eu affaire. La jeune fille rencontra les yeux exorbités de Georgiana. Cette dernière avait arraché la peau de ses poignets à trop se débattre, et de la bave coulait entre ses lèvres. Hell se sentit incapable de respirer alors qu’on l’éloignait d’elle. Georgiana incarnait son tout, sa vie entière. Hell voyait l’âme qui l’avait tant portée se faire arracher à son étreinte.
Hell n’avait pas la force de s’opposer aux militaires. Elle ne pouvait que regarder, un bras plié derrière le dos par un soldat. Georgiana souffrait d’une maladie, ce n’était un secret pour personne. Elle crachait du sang, elle portait le virus. Elle devait être emmenée. Tous la croyaient morte, mais Hell la savait en vie. Elle l’entendait respirer, parler, hurler. Elle avait compté les battements de son cœur toutes les nuits. Hell quittait sans cesse sa chambre pour la rejoindre et simplement l’observer respirer. Mais cette fois-ci, ce qu’elle contemplait s’avérait tout autre. Ils jetaient Georgiana aux loups sans le moindre scrupule. Telle était la loi de la Garde du Sud.
— Lâchez-la, chuchota Hell en se laissant tomber à genoux.
Le soldat qui la tenait la lâcha. Il se pencha vers elle et lui adressa un petit sourire compatissant.
— Elle est malade, lui expliqua-t-il. Elle doit partir. Et elle a choisi.
Hell regarda Georgiana. Cette dernière ne disait rien, pourtant, chaque seconde, ses longs cheveux blonds s’éloignaient un peu plus d’elle. Puis, la porte de la chambre se ferma, et elle disparut à jamais. La jeune fille porta une main à son visage. Un liquide chaud coulait de ses narines. Du sang.
— Je suis désolé, lui dit le soldat en lui tendant un mouchoir. J’ai dû te plaquer au sol, tu te souviens ? Tu ne voulais pas nous laisser passer.
Hell inspecta le mouchoir. Elle ne s’en servit pas, le sang commença à goutter sur le plancher à moitié moisi de la petite chambre de Georgiana. Finalement, le militaire se releva et jeta son fusil sur son épaule. Il se tourna une dernière fois vers Hell.
— Essuie ton nez, lâcha-t-il en ouvrant la porte. Ça va tacher le sol, sinon.
Hell leva vers lui deux grands yeux vides. Le soldat avait déjà disparu. Ne restait qu’elle, avec un goût de sang et de larmes dans la gorge. Elle siégeait là, seule. Georgiana avait disparu.
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