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Extrait ajouté par CrystalM 2020-11-01T23:03:06+01:00

Chapitre 1

89° 35’ 7” N – 37° 22’ 9” O

Chaque pas qu’il faisait rapprochait davantage l’homme de Xian de la mort. Pour le pôle Nord, il ne faisait pas si froid que cela, moins vingt, mais au cours de la dernière heure le vent du nord avait gagné en force et fait baisser la température ressentie jusqu’à presque moins quarante.

Les explorateurs du pôle Nord ont survécu par moins cinquante et plus, avec des doubles couches de sous-vêtements en laine, des manteaux coupe-vent, des pantalons et vestes en duvet.

Gai Zhanhai, lui, était pratiquement nu.

Sur son torse maigre, il ne portait qu’une chemise de bûcheron à carreaux ; le reste se composait en tout et pour tout d’un caleçon long ultra mince troué de surcroît au genou gauche et de baskets Adidas vertes. Seule la chapka en peau d’ours contribuait à maintenir la tête au chaud.

Zhanhai savait qu’il allait mourir de froid s’il continuait, mais chaque pas l’éloignait aussi un peu plus de la mort.

De l’homme auquel il cherchait à échapper.

Zhanhai ne sentait plus ses jambes. Dans ce froid extrême, le corps devait établir un ordre de priorités. Le sang chaud était récupéré dans les extrémités et la peau pour être acheminé vers le cœur qu’il fallait alimenter à tout prix. Les jambes, quant à elles, s’étaient mises en mode automatique. C’était comme si elles anticipaient les obstacles présents sur le terrain ; elles sautaient par-dessus ou contournaient les blocs de glace que les mouvements de la calotte glaciaire avaient fait remonter à la surface. Elles rétablissaient automatiquement l’équilibre lorsque Zhanhai glissait et manquait de s’étaler à cause de la neige poudreuse qui recouvrait la glace.

Dans le ciel roulaient des vagues vertes. L’aurore boréale était assez puissante pour que le Chinois puisse distinguer les contours du paysage devant lui. Zhanhai avait remercié le ciel quand les ténèbres s’étaient dissipées ; il lui tardait de voir ce paysage de glace baigner dans la lumière du soleil. Et il rêvait même de pouvoir vivre le pôle Nord comme sur les photos qu’avaient montrées les instructeurs à la base d’entraînement du Bureau administratif chinois de l’Arctique et de l’Antarctique.

Plusieurs rideaux verts tombèrent de l’espace et l’aurore boréale devint si puissante que Zhanhai fut saisi de crainte : ce n’était qu’une question de temps avant que l’homme qui le pourchassait ne le voie dans ce paysage plat comme la main.

À l’abri dans la tête réchauffée par la fourrure d’ours, le cerveau envoya une impulsion vers les jambes engourdies et leur demanda de changer de cap, plus vers l’ouest. Le seul plan que Zhanhai eût réussi à échafauder, tandis qu’il courait à travers la nuit polaire, consistait à attirer l’homme qui le poursuivait assez loin sur la glace afin que lui-même puisse mettre sa vitesse supérieure à profit pour faire un grand cercle et revenir à son point de départ.

Vers la chaleur.

Vers la réserve où l’on stockait les armes.

Zhanhai sentit l’odeur du sel juste à temps.

Il obligea ses jambes à s’arrêter avant qu’elles ne l’entraînent directement dans l’océan Arctique. Une faille de dix mètres de large barrait la glace d’un bout à l’autre de l’horizon, y creusant un sillon noir. La faille était si récente que seule une mince pellicule de givre avait réussi à se former en surface. Des volutes de givre montaient de l’océan Arctique aux eaux noires comme de la poix et elles enveloppèrent l’aurore boréale d’une brume légère.

Dans une demi-heure, la pellicule de givre sur la faille serait devenue si épaisse qu’un homme pourrait la franchir skis aux pieds. Zhanhai n’avait ni skis ni une demi-heure devant lui.

La seule chose que possédait l’homme de Xian, en dehors des maigres vêtements qu’il portait, c’était le pistolet lance-fusées qui, à son grand étonnement, pendait encore au bout de sa main droite aux doigts engourdis. Il tourna le dos à la faille et leva le bras de façon à braquer le pistolet sur les traces que ses baskets Adidas avaient laissées dans la neige fraîche. Les traces que son poursuivant suivrait pour le trouver.

Les blocs de glace qui avaient été arrachés à la calotte glaciaire gisaient éparpillés comme d’énormes bonbons gris dans le paysage sombre devant lui. Il eut beau écarquiller les yeux, il ne put discerner le moindre mouvement au milieu de ce labyrinthe.

Les bras de Zhanhai tremblaient tellement qu’il arrivait à peine à maintenir le pistolet en position. D’après ce que les instructeurs lui avaient appris, il savait que le corps n’allait pas tarder à relâcher son emprise sur les vaisseaux sanguins externes comprimés, et le sang chaud refluerait des bras et des jambes glacés. Le froid abaisserait la température du sang et, lorsqu’il reviendrait au cœur, le muscle cardiaque battrait plus lentement et acheminerait moins de sang jusqu’au cerveau. Celui-ci cesserait de fonctionner. Il s’ensuivrait des hallucinations. Le dernier résidu de sang circulant encore sous la peau glacée lui paraîtrait trop chaud. Il aurait envie de se déshabiller.

Alors il mourrait.

Zhanhai entendit un plouf à la seconde même où il se décidait à reprendre ses propres traces à l’envers, en espérant que son 1

89° 35’ 7” N – 37° 22’ 9” O

Chaque pas qu’il faisait rapprochait davantage l’homme de Xian de la mort. Pour le pôle Nord, il ne faisait pas si froid que cela, moins vingt, mais au cours de la dernière heure le vent du nord avait gagné en force et fait baisser la température ressentie jusqu’à presque moins quarante.

Les explorateurs du pôle Nord ont survécu par moins cinquante et plus, avec des doubles couches de sous-vêtements en laine, des manteaux coupe-vent, des pantalons et vestes en duvet.

Gai Zhanhai, lui, était pratiquement nu.

Sur son torse maigre, il ne portait qu’une chemise de bûcheron à carreaux ; le reste se composait en tout et pour tout d’un caleçon long ultra mince troué de surcroît au genou gauche et de baskets Adidas vertes. Seule la chapka en peau d’ours contribuait à maintenir la tête au chaud.

Zhanhai savait qu’il allait mourir de froid s’il continuait, mais chaque pas l’éloignait aussi un peu plus de la mort.

De l’homme auquel il cherchait à échapper.

Zhanhai ne sentait plus ses jambes. Dans ce froid extrême, le corps devait établir un ordre de priorités. Le sang chaud était récupéré dans les extrémités et la peau pour être acheminé vers le cœur qu’il fallait alimenter à tout prix. Les jambes, quant à elles, s’étaient mises en mode automatique. C’était comme si elles anticipaient les obstacles présents sur le terrain ; elles sautaient par-dessus ou contournaient les blocs de glace que les mouvements de la calotte glaciaire avaient fait remonter à la surface. Elles rétablissaient automatiquement l’équilibre lorsque Zhanhai glissait et manquait de s’étaler à cause de la neige poudreuse qui recouvrait la glace.

Dans le ciel roulaient des vagues vertes. L’aurore boréale était assez puissante pour que le Chinois puisse distinguer les contours du paysage devant lui. Zhanhai avait remercié le ciel quand les ténèbres s’étaient dissipées ; il lui tardait de voir ce paysage de glace baigner dans la lumière du soleil. Et il rêvait même de pouvoir vivre le pôle Nord comme sur les photos qu’avaient montrées les instructeurs à la base d’entraînement du Bureau administratif chinois de l’Arctique et de l’Antarctique.

Plusieurs rideaux verts tombèrent de l’espace et l’aurore boréale devint si puissante que Zhanhai fut saisi de crainte : ce n’était qu’une question de temps avant que l’homme qui le pourchassait ne le voie dans ce paysage plat comme la main.

À l’abri dans la tête réchauffée par la fourrure d’ours, le cerveau envoya une impulsion vers les jambes engourdies et leur demanda de changer de cap, plus vers l’ouest. Le seul plan que Zhanhai eût réussi à échafauder, tandis qu’il courait à travers la nuit polaire, consistait à attirer l’homme qui le poursuivait assez loin sur la glace afin que lui-même puisse mettre sa vitesse supérieure à profit pour faire un grand cercle et revenir à son point de départ.

Vers la chaleur.

Vers la réserve où l’on stockait les armes.

Zhanhai sentit l’odeur du sel juste à temps.

Il obligea ses jambes à s’arrêter avant qu’elles ne l’entraînent directement dans l’océan Arctique. Une faille de dix mètres de large barrait la glace d’un bout à l’autre de l’horizon, y creusant un sillon noir. La faille était si récente que seule une mince pellicule de givre avait réussi à se former en surface. Des volutes de givre montaient de l’océan Arctique aux eaux noires comme de la poix et elles enveloppèrent l’aurore boréale d’une brume légère.

Dans une demi-heure, la pellicule de givre sur la faille serait devenue si épaisse qu’un homme pourrait la franchir skis aux pieds. Zhanhai n’avait ni skis ni une demi-heure devant lui.

La seule chose que possédait l’homme de Xian, en dehors des maigres vêtements qu’il portait, c’était le pistolet lance-fusées qui, à son grand étonnement, pendait encore au bout de sa main droite aux doigts engourdis. Il tourna le dos à la faille et leva le bras de façon à braquer le pistolet sur les traces que ses baskets Adidas avaient laissées dans la neige fraîche. Les traces que son poursuivant suivrait pour le trouver.

Les blocs de glace qui avaient été arrachés à la calotte glaciaire gisaient éparpillés comme d’énormes bonbons gris dans le paysage sombre devant lui. Il eut beau écarquiller les yeux, il ne put discerner le moindre mouvement au milieu de ce labyrinthe.

Les bras de Zhanhai tremblaient tellement qu’il arrivait à peine à maintenir le pistolet en position. D’après ce que les instructeurs lui avaient appris, il savait que le corps n’allait pas tarder à relâcher son emprise sur les vaisseaux sanguins externes comprimés, et le sang chaud refluerait des bras et des jambes glacés. Le froid abaisserait la température du sang et, lorsqu’il reviendrait au cœur, le muscle cardiaque battrait plus lentement et acheminerait moins de sang jusqu’au cerveau. Celui-ci cesserait de fonctionner. Il s’ensuivrait des hallucinations. Le dernier résidu de sang circulant encore sous la peau glacée lui paraîtrait trop chaud. Il aurait envie de se déshabiller.

Alors il mourrait.

Zhanhai entendit un plouf à la seconde même où il se décidait à reprendre ses propres traces à l’envers, en espérant que son poursuivant s’était égaré.

S’il avait pris cette décision deux ou trois secondes avant, l’ours polaire n’aurait peut-être pas pu se saisir de lui.

Encore que l’issue aurait été la même.

Un ours polaire adulte peut courir à plus de trente kilomètres à l’heure sur de courtes distances. Encore plus vite s’il est maigre et affamé. La jeune ourse qui jaillit de l’eau n’avait pas mangé depuis des semaines.

La puissante patte avant faucha la jambe de Zhanhai, arracha au passage le caleçon troué en même temps que des morceaux de peau gelée et jeta le Chinois au sol, où il se mit à tourbillonner. Zhanhai ne sentit ni le froid de la glace ni les cristaux de glace pointus qui lacéraient la peau nue de son visage quand il glissa sur la neige. Le corps avait depuis longtemps fermé les voies d’accès à ce genre d’impressions sensorielles inutiles et dévoreuses d’énergie. Mais les nerfs optiques enregistrèrent la gueule de l’ourse lorsqu’elle s’ouvrit juste devant son visage. Quatre longues canines. Une rangée de petites dents acérées. Une langue rouge foncé. Les pupilles eurent à peine le temps d’envoyer ces impressions visuelles au cerveau avant que l’ourse polaire ne referme ses mâchoires sur la tête de sa victime. Le crâne éclata et la cervelle de Zhanhai se répandit sur la glace dans une gerbe d’éclaboussures.

Dans les spasmes de la mort, la moelle épinière envoya des milliards de signaux non synchronisés vers les terminaisons nerveuses du corps. L’un des signaux finit par aboutir au bout du doigt de la main qui tenait le pistolet lance-fusées. Zhanhai était déjà mort quand son index tressaillit et pressa la détente. Le chien du pistolet percuta l’extrémité de la cartouche de la fusée logée dans le canon en acier glacé. La poudre dans la cartouche explosa et la pression des gaz propulsa la fusée éclairante hors de l’embouchure.

En jaillissant tout droit vers le ciel, le projectile brûla le pelage de l’ourse, y traçant un profond sillon noirâtre. La prédatrice lâcha la tête broyée de Zhanhai et battit en retraite vers la faille où elle plongea en creusant un trou dans la croûte de glace qui s’était déjà formée en surface. Les vagues projetèrent des morceaux de glace contre le bord de la fissure où, sous l’action du froid intense, ils se collèrent instantanément.

Tout là-haut dans le ciel, la fusée brillait d’une lueur crue sous le parachute au bout duquel elle se balançait. La lumière rouge transformait le paysage de glace, où gisait le corps déchiqueté de Zhanhai, en une vision fugitive de l’enfer.

Source : kobo.com

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