Extraits

— Ne risques-tu pas de regretter ta décision, Tungdil ?

Myr marchait près du guerrier sans le regarder.

Afin de se protéger des rayons ardents du soleil, elle enduisait son visage d’un onguent bleuté qu’elle avait confectionné dans un petit poêlon.

Tungdil avait l’impression qu’elle était gênée depuis leur départ du Royaume nain des Cinquièmes. Il avait choisi de l’accompagner dans sa communauté, mais la chirurgienne semblait tourmentée, comme si elle se faisait des reproches.

— Attendons de voir ce que Vraccas nous révélera lors des prochaines lunes, répondit-il d’un air évasif avant de fermer les yeux.

Notre mission s’annonce très délicate. Il serait plus facile de plier une barre d’acier à mains nues, pensa Tungdil. Il soupira, ses lèvres esquissèrent une grimace. Il se réjouissait de ne pas être seul chez les Affranchis. Toutefois, il aurait aimé plus d’ouverture d’esprit de la part de ses compagnons. Même Boëndal, le plus modéré des jumeaux, se laisserait difficilement convaincre d’entamer une collaboration étroite avec les réprouvés des royaumes nains. Encore une nouvelle épreuve pour moi, Vraccas ? se demanda-t-il, rompu de fatigue.

— Qu’allons-nous faire pour la Lame de Feu ? lança Furibard, brisant le silence qui s’était installé. Restera-t-elle entre les mains des Oreilles-pointues aux yeux sombres ?

— Si Glaïmbar n’était pas un si mauvais combattant, la question serait réglée à l’heure qu’il est, rétorqua Tungdil. Nous devons être patients. Dsôn Balsur va bientôt tomber. Après la victoire de l’armée réunie du Pays Sûr, nous récupérerons l’arme. Pour l’instant, nous n’en avons pas besoin et elle n’est d’aucune utilité aux Albes. (Ses paupières s’abaissèrent lentement.) Mais je n’y renoncerai pas.

— Ah, voilà qui est bien dit ! Une nouvelle aventure nous attend ! s’exclama Boïndil avec enthousiasme.