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Il se passait quelque chose dans le Palais. Quelque chose de grave. On ne criait pas, on ne courait pas ainsi dans la demeure de l’Immuable... enfin si, bien sûr, parfois on courait, parfois on criait, quand les serviteurs étaient en retard, ou quand un messager était pressé, où s’il y avait une dispute, ou une fête, et une fois Malïn lui-même, quand il avait huit ans, avait couru comme un dératé dans les couloirs de l’Aile aux Eaux, parce qu’il avait frappé Makantha au visage... Makantha avait huit ans lui aussi, à l’époque, et il avait insulté Malïn. Par bonheur, le coup de Malïn n’avait pas laissé de marque. Makantha avait paru plus surpris que fâché, mais il était protégé par sa bande, un groupe de garçons de treize à seize ans qui avaient pris Malïn en chasse avec l’intention de lui faire la peau, et Malïn avait dû courir tout l’après-midi pour leur échapper. Enfin le précepteur de Makantha était intervenu et avait proposé un combat rituel, main gauche attachée derrière le dos, main droite ouverte pour ne pas créer d’hématomes irrémédiables. Un combat opposant Malïn à Makantha, pour régler la dissension.

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Malïn prit la fiole. Il la leva en direction de la fenêtre, il regarda le liquide doré chatoyer dans la lumière pâle. Le poison était un acide. Il percerait son estomac, se répandrait dans son corps, attaquerait ses nerfs. Ses membres seraient agités par des mouvements spasmodiques... puis Malïn mourrait, un voile sombre, le repos après la souffrance. La douleur serait terrible, oui... mais le geste était simple, facile. Il n’aurait pas besoin de se percer la chair.

Et puis, il y avait une certaine noblesse dans l’acte de boire. Avaler volontairement un poison, déguster le liquide amer, en étant conscient des conséquences... Il y aurait, pensa Malïn, de la beauté dans cette soumission aux lois de sa naissance.

L’Immuable symbolisait la perfection, la beauté. L’Immuable se devait d’être parfait car l’état du royaume reflétait celui de son souverain, et toute tache sur l’Immuable se reflétait aussitôt sur les Sept Îles, comme une malédiction. Cette exigence de perfection se transmettait à tous les descendants de l’Immuable, aussi lointains soient-ils. Tout bébé imparfait – né avec une tache colorée, un membre tordu, une difformité – était aussitôt étouffé. Si, plus tard, une maladie laissait un enfant ou un adulte déformé – la Mort Rousse, par exemple, qui tuait quatre malades sur cinq et grêlait la peau des survivants de cratères rougeâtres –, la condamnation s’abattait aussi. Si l’enfant défiguré avait moins de onze ans, on le faisait discrètement disparaître ; s’il était plus âgé, il était considéré comme «de plein esprit » et il avait donc l’honneur de se voir proposer, comme Malïn, le suicide rituel.

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Il reposa l’arme, courut vers la porte et posa son oreille sur le battant. Non, le bruit ne venait pas de son couloir, mais de plus loin... peut-être d’une intersection. Peut-être de la Cour des Noues, deux niveaux en dessous. La cour était grande, on y avait donné un banquet treize jours plus tôt, en l’honneur d’une victoire... Malïn ne se rappelait plus – ou n’avait jamais su – laquelle. Il ne savait pas non plus quels ennemis étaient en cause. Les armées de l’Immuable avaient vaincu ; des rebelles, quelque part dans les Sept Îles, avaient été écrasés. Non, Malïn ne savait plus ce que voulaient les rebelles, mais il se rappelait les tonneaux de vin qu’on avait roulés pendant la fête, il se rappelait la lumière dansante des bougies et des lampions, sous le ciel du soir, près des longues feuilles écarlates de la vigne. Malïn n’était pas convié à la grande table, mais il avait dansé après, avec les autres, sous les colonnades, et il avait même obtenu un verre de vin d’or, un vin si cher qu’il était normalement réservé aux invités d’honneur. Il avait bu le vin, il avait senti son goût acre et profond lui brûler la gorge, s’épanouir puis prendre un arrière-goût de cardamome et de cannelle.

Le goût de la vie.

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A 11 heures, ils demandèrent à Malïn de se suicider. Ils l’amenèrent dans la suite princière, l’assirent sur le superbe lit de soie et de velours où il devrait s’allonger pour rendre son dernier soupir, et lui laissèrent, selon la tradition, une dague, un bol de breuvage aux épices et au miel et une fiole de poison. Puis ils s’inclinèrent et sortirent.

La grande porte de la chambre se referma derrière eux.

Malïn resta seul.

Il avait quatorze ans.

Il demeura assis sur le bord du lit, regardant la table, la dague, la fiole. Il se sentait très petit dans cette chambre immense qui n’était pas la sienne. Elle appartenait à un de ses lointains cousins, un vrai prince, qui avait une vraie chance de monter un jour sur le Trône Immuable. Peut-être était-ce même la chambre de Makantha, un des plus proches héritiers. Comme Malïn, Makantha n’avait pas quinze ans. Comme Malïn, Makantha était de sang royal. Mais Malïn avait grandi ignoré dans les ailes secondaires et les niveaux les plus bas du Palais. Malïn avait reçu une éducation de second ordre, alors que Makantha était célébré, fêté, adoré. Il était l’héritier probable – et puis, il était si beau, si charmant.

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