Extraits

Ce que vient de dire Hicks me parle avec force, je me suis toujours senti en total décalage avec ce monde d’aveugles qui beuglent sans jamais vouloir se délivrer de leurs chaînes.

— Depuis l’aube de l’humanité, le mensonge sert l’homme au détriment de l’humain, relancé-je. La tromperie est essentielle à la manipulation des masses, elle procure un avantage certain. Le passé est là pour nous rappeler combien ce poison a été utilisé, revêtant toutes les formes et toutes les tailles afin de configurer les populations. Le mal fait son chemin par cycle, il provoque ses ravages par l'action dévastatrice des hommes, puis feint de se retirer... conscient que les esprits finissent toujours par oublier les corps et les cœurs meurtris. Je citerai les mots d’une personne qui avait élevé cette forme d’expression malsaine au rang d’art : « Répétez un mensonge assez fort et assez longtemps, et les gens le croiront » – Joseph Goebbels.

— Dans le grand schéma de l’Univers, nos milliards de vies terriennes ne représentent qu’une brève étincelle, un lointain écho perdu dans la multitude. Tu parles d'attendre le bon moment, mais le concept de temps me dépasse, car l’être humain passe son existence à attendre. Petits, nous voulons devenir grands… Plus tard, nous désirons avoir une bonne situation, fonder une famille. Puis de nouveaux buts s’en viennent, de nouvelles opportunités s’offrent à nous. Voilà que nous patientons encore… Et comme chaque chose trouve au bout du compte sa fin, nous passons l’immense majorité de nos vies à courir d’un compte à rebours à un autre !

— Pourquoi le monde aurait-il besoin d’aide, et surtout pourquoi ne devrions-nous pas le laisser se débrouiller par lui-même ?

— Parce qu’il est égoïste, Ted. L’homme fonctionne pour lui-même, sans se soucier de son prochain ! Je ne prophétiserai pas sur ce qu’il va nous falloir affronter, mais je sens que quelque chose d’incroyable nous attend.

« Quelque chose d’incroyable nous attend », ces mots trouvent preneur en ma personne, car ils gagnent chaque jour de plus en plus de sens. Mon intuition me dit que notre nouvel ami n’a pas fini de nous surprendre.

Aujourd’hui, le marin a trouvé le ciel, il se mêle au Divin pour abattre sa colère sur le monde. Toujours plus oppressant, le tsunami toise l’humanité de son sommet, la bête nous accable de tout son mépris. Il m'est dorénavant possible de voir l'extrême état d'agitation de l'eau, son trouble tumultueux, cette rage qui parvient à la transformer en fléau destructeur. Un vent fort et froid se lève, il me transperce de son souffle glacial et brise ce qui reste en moi de force d’âme.

Le monde, Lana… il est un endoctrinement, tout est tronqué. Notre conception du bien et du mal, la religion et même les tourments d’outre-tombe. Toutes nos valeurs et croyances proviennent d’idées inculquées dès la plus tendre enfance. Nous sommes le produit d’un processus de socialisation imposé, nous ne sommes que des identités sociales, notre véritable nature est ainsi faussée à jamais.

Je m’étonne de voir que, dans ce fragment de ville isolé de tout, les obligations paperassières sont encore d’usage. Les codes, les lois et les institutions… n’ont, à mes yeux, toujours représenté que des formes vides. Notre minutieuse cuisine sociétale est remplie d’ingrédients superfétatoires et n'a eu pour effet que de creuser les inégalités et hiérarchiser les hommes.