Extraits

« - "Je l'aime", je lui dis. Mais elle doit déjà le savoir. "Je ne sais pas pourquoi je l'aime. C'était mon meilleur ami. Je sais qu'il tient à moi, mais pas de la même manière dont moi je tiens à lui. Il me prend constamment dans ses bras, vous savez. Il m'enlace si fortement que j'espère toujours qu'il attend quelque chose lui aussi. Ensuite il me relâche, s'en va et me sourit pour me dire au revoir. Il me brise le cœur chaque jour sans le savoir et sans le vouloir."

- Certaines personnes sont conçues pour faire cela, répond-elle.

- Pour faire quoi ?

- Certaines personnes sont conçues pour nous briser le cœur. »

Ça veut dire quoi, libre ? Bien sûr, on pouvait respirer, ah ça oui, mais y a jamais eu une époque où on était libres. Libre, ça veut rien dire. Jette un œil à l'histoire, et tout ce que tu trouveras, c'est les Champs-Elysées. C'était pas comme ça. Et ça l'a jamais été. Les hommes sont les hommes, et la cupidité, c'est la cupidité. La véritable égalité n'a jamais existé. Les femmes ne jouaient pas de ce stade et elles n'avaient pas autant de public que les hommes : personne n'a jamais prêté la moindre attention au nombre de buts marqués par une femme. La liberté et l'égalité, ce sont des mythes, les filles. Ça serait bien de vous rentrer ça dans le crâne. La liberté ? Ha, quelle blague !

Ne laisse personne voir ta peur.

les gens amoureux sont les plus dangereux de tous, les plus susceptibles de faire un truc irréfléchi. Je l'ai prouvé moi-même.

Au premier coin de rue, je tombe sur un couple essoufflé, qui s’embrasse passionnément. J’ai un mouvement de surprise avant de me détendre. Ce n’est pas si inhabituel d’assister à ce genre de scène ; faire l’amour consomme beaucoup d’oxygène, et s’ils font ça chez eux, ils devront payer une taxe pour l’excès d’air consommé. Je reprends ma course sans que le couple dénudé ne m’ait remarquée. Je pense à Abel à chacune de mes foulées. Je savais qu’il n’était pas tout à fait prêt pour cette mission. Je le voulais à mes côtés parce que j’avais besoin d’une excuse pour être seule avec lui. Maintenant qu’il est mort, je ne me retrouverai plus jamais seule avec lui. Abel est mort parce qu’il me plaisait.

Un radar automatique illumine temporairement la rue. Quelqu'un s'est fait attraper.

Je détaille les ombres en bas. Le bruit métallique d'un tram qui passe sur ses rails résonne, les piétons glissent sur le trottoir. C'est illégal de courir dans le Dôme si on n'est pas équipé d'un réservoir à oxygène. Et c'est illégal de marcher à plus de 5 kilomètres-heure. Les radars sont là pour détecter les mouvements. Les gardes aussi.

« — Libre ? Ha ! crie Maude. Ça veut dire quoi, libre ? Bien sûr, on pouvait respirer, ah ça oui, mais y’a jamais eu une époque où on était libres. Libre, ça veut rien dire. Jette un œil à l’histoire, et tout ce que tu trouveras, c’est les Champs-Élysées. C’était pas comme ça. Et ça l’a jamais été. Les hommes sont les hommes, et la cupidité, c’est la cupidité. La véritable égalité n’a jamais existé. Les femmes ne jouaient pas dans ce stade et elles n’avaient pas autant de public que les hommes : personne n’a jamais prêté la moindre attention au nombre de buts marqués par une femme. La liberté et l’égalité, ce sont des mythes, les filles. Ça serait bien de vous rentrer ça dans le crâne. La liberté ? Ha, quelle blague ! »

Extrait de 

La loi du Dôme

Sarah Crossan

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En un mot, j'étais trop lâche pour faire ce que je savais être bon, tout comme j'avais été trop lâche pour éviter de faire ce que je savais être mal.

Si je devais mourir, je préférerais que ce soit avec lui à l'extérieur, qu'avec n’importe qui d'autre dans le Dôme.

- Avant ils ne voulaient pas se battre...

- C'est parce qu'ils n'avaient rien qui vaille le coup de se battre. Jusqu'à maintenant.