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(Brunehilde et Siegfried)

-Mon sein s'embrase comme ce bûcher. Des flammes claires me dévorent le cœur. Vois, Siegfried, nous voici à jamais unis dans l'amour infini. Et ce baiser de Walkyrie que je n'ai pu te donner au moment de ta mort, je te l'offre à présent avec ma vie. Vois, Siegfried, vois! Ta femme te salue dans l'extase!

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Le bûcher n'était plus qu'une torche vivante qui lançait dans le crépuscule son éclat rougeoyant. Deux corbeaux émergèrent alors des nuages sombres dans le ciel, suivis d'une masse compacte de spectres hurlants. A leur tête se tenait Odin, le dieu borgne déchu. Ils passèrent comme un rêve au-dessus du Rhin enflammé et s'évanouirent à l'horizon, emportant avec eux le souvenir de leur chasse fantastique.

Un grand fracas retentit soudain, dont l'écho se répercuta sur l'ensemble des terres de Midgard. Tout là-haut, Asgard s'effondrait, envahi par les cohortes infernales de démons qui s'étaient élancés à l'assaut de Bifrost, dont les couleurs lançaient des miroitements de verre brisé dans le ciel noir. On entendait le cor dans lequel Heimdall soufflait de toutes ses forces, réveillant les dieux à demi morts pour les annoncer le péril qui fondait sur eux: les géants de Jotunheim, les géants du givre, les créatures de feu de Muspell, les femmes trolls de la Forêt de fer, les alfes noirs et les Nibelungen, fils du brouillard. Les dieux appelèrent à l'aide les guerriers du Walhalla et les Walkyries guerrières, mais il était trop tard. Ils avaient déjà tous péri sous les crocs des monstres.

Des tréfonds de Svartalaheim, le loup Fenrir rompit ses liens et s'élança à l'assaut du soleil ensanglanté pour le dévorer, tandis que Managarm, la Chienne noire, prenait en chasse la lune qui venait d'apparaître et que leurs louveteaux Hati et Skoll croquaient les étoiles une par une. Yggdrasil, le frêne du monde, chancela sur ses bases et faillit se rompre, tandis que les montagnes et les rochers étaient ébranlés jusque dans leurs fondements.

L'air devint étouffant. La terre s'ouvrit et de mit à vomir des torrents de lave, tandis que des rafales de neige cinglaient les sol, soufflées par de terribles bourrasques. Le Rhin sortit de son lit, projetant ses flots furieux en tous sens. Le palais des Burgondes s'écroula, et la grotte enfouie sous ses fondations libéra le trésor prisonnier, dont les richesse infinies se mirent à flotter à la surface du fleuve déchaîné.

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Siegfried allait le long du Rhin monté sur Grani, son fidèle cheval, accompagné d'Élidor, son faucon pèlerin. Il se dirigeait droit vers le sud, en direction du royaume des Burgondes. Il y était attendu comme un héros et devait y être fêté à proportion de ses faits d'armes pour avoir conduit l'armée burgonde vers la victoire face aux envahisseurs du Gotland. Dans la lutte acharnée que s'étaient livrée les guerriers des deux clans, Siegfried avait vengé la mort de son père, Siegmund, en trouant le ventre de son meurtrier, Hunding, roi du Gotland et chef du clan de la Chienne noire. Mais, avant de rentrer auréolé de gloire à la cour de la reine Gudrun, le héros âgé d'à peine seize ans avait accompli un autre exploit fabuleux : il avait terrassé le dragon Fafnir et était entré en possession du trésor des Nibelungen que gardait ce dernier, ainsi que de l'anneau de pouvoir qui, jadis, avait été maudit par Andvari, le roi de Niflheim. Puis, guidé par le chant des mésanges, il s'était rendu au sommet du Rocher de la Biche, au cœur de la Forêt de fer, pour y conquérir la Walkyrie, protégée d'un rideau de flammes infranchissable à quiconque, à l'exception de l'élu auquel elle était destinée.

Après avoir rompu la cuirasse qui comprimait les formes féminines de la guerrière céleste et l'avoir éveillée d'un baiser, le héros tant attendu était demeuré neuf jours et neuf nuits avec elle afin d'être enseigné dans la science des runes sacrées, dont Odin avait eu jadis la vision en demeurant pendu aux branches du frêne Yggdrasil, fouettées par les vents. Ces runes remontaient à l'origine des mondes. Elles formaient des signes étranges qui donnaient à ceux qui savaient en déchiffrer le sens la connaissance des choses cachées et la maîtrise des éléments. Brunehilde avait également initié Siegfried aux secrets et aux mystères de la nature, de la vie et de la mort. Elle lui avait révélé la manière dont un homme doit savoir honorer son sang, son nom et sa parole, et dont un roi doit gouverner son peuple. Elle lui avait appris la valeur des serments et de la foi jurée, mais aussi l'utilité du discernement, qui permet de se défier des actions perverses des envieux, des traîtres, des parjures, des voleurs et des assassins. Elle lui avait narré les anciens récits mettant en scène les dieux et les hommes, les rois et les héros.

Durant ces neuf jours et neuf nuits, Siegfried et Brunehilde étaient demeurés chastes, malgré la passion amoureuse qui les avait étreints dès le premier regard. L'enseignement des runes et des secrets de la vie était un savoir puissant et dangereux qui ne devait être transmis que de manière pure et virginale. Et puis Brunehilde se réveillait à peine d'un sommeil si long qu'elle avait besoin de temps pour se sentir à nouveau femme. Quant à Siegfried, il n'avait jamais connu d'autre modèle féminin que sa mère, Sieglinde, morte de froid dans la Forêt de fer lorsqu'il était encore enfant.

Au contact de Brunehilde, il éprouvait autant de crainte que d'attirance et préférait surseoir lui aussi aux jouissances charnelles que lui promettait le corps de l'élue de son cœur, dont il ignorait encore tout. C'est pourquoi il avait planté dans le sol son épée Notung, celle-là même qu'il avait reforgée à partir des tronçons brisés de l'arme de Siegmund en proférant ce vœu : « Tant que Notung sera plantée dans cette terre, je ne toucherai pas à ma promise autrement qu'un frère n'embrasserait sa sœur… »

À l'aube du dixième jour, dans le soleil levant qui embrasait le ciel de ses ors flamboyants, Siegfried avait renouvelé ses serments amoureux sur la garde de Notung : « Par cette épée qui me vint de mon père et que j'ai reforgée, je te jure amour éternel et fidélité absolue ! »

Brunehilde avait posé à son tour les mains sur la poignée de l'épée enchantée pour répondre aux vœux du héros : « Je te jure également amour éternel et fidélité absolue ; qu'ils soient aussi incorruptibles que le fer de cette épée ! »

C'est alors que, pour sceller leur union, Siegfried avait ôté l'anneau d'or qu'il arborait à son doigt. Il en ressentit une douleur fulgurante, tant il s'était attaché à ce bijou étrange et pourtant familier, mais son amour pour Brunehilde était plus fort que son attrait et sa fascination pour l'or.

À présent, il allait son chemin le cœur en joie et l'esprit léger. La gloire associée à son nom lui assurait un avenir radieux. Les souverains du royaume des Burgondes avaient une dette envers lui ; il en exigerait le prix en demandant que son union avec Brunehilde soit célébrée avec tout le faste que méritait l'ancienne reine du Frankenland. Il savait pouvoir compter sur le soutien de la souveraine Gudrun et sur celui de son fils légitime, le prince Gunnar. Quant à Hagen, le fils aîné de Gudrun, bâtard né des œuvres du Nibelung Alberich, il avait lui-même confié à Siegfried que, pour récompenser les hauts faits du héros, la souveraine lui proposerait sans doute d'être son successeur sur le trône, Gunnar portant davantage d'intérêt aux plaisirs de la chasse ou aux divertissements de la cour qu'à la gestion du royaume. Il avait ajouté que Siegfried pourrait également obtenir la main de la princesse Kriemhilde, la sœur de Gunnar, qui venait de fêter ses quinze ans. Mais qu'importait désormais Kriemhilde, que Siegfried n'avait même pas rencontrée. Seule comptait Brunehilde, la Walkyrie à la chevelure de terre et de sang qu'il avait conquise au milieu du cercle de flammes. C'est elle qu'il épouserait devant toute la cour des Burgondes. Personne au monde ne pourrait empêcher ce mariage. Ni les hommes ni les dieux d'Asgard. Lorsque chaque détail des noces serait réglé, Siegfried reviendrait au Rocher de la Biche pour y chercher sa glorieuse fiancée.

Le cavalier fut soudain distrait de ses pensées par un chant mélodieux qui émanait des rives du Rhin.

— Weia ! Waga ! Wagalaweia ! Wallala weiala weia !

— Heiaha weia !

— Weia ! Waga ! Wagalaweia !

Il reconnut les trois ondines qu'il avait déjà rencontrées au bord du fleuve. Il s'agissait des Filles du Rhin, Woglinde, Wellgunde et Flosshilde, les dernières survivantes des milliers de nymphes des eaux nées jadis du Vieux Rhin et de la semence d'Odin. Elles étaient les seules à avoir traversé l'écume du temps et demeuraient aussi jeunes, aussi fraîches et aussi belles qu'au premier jour.

Les Filles du Rhin avaient tenté de séduire Siegfried en lui promettant de l'initier à leur sagesse, de lui offrir leurs charmes et de chanter ses louanges, mais le héros les avait repoussées d'un ton moqueur. Et voici qu'elles se présentaient à nouveau à lui, avec les mêmes mines enjôleuses.

— Heia ! Heia ! Heiaha weia ! chantonna Woglinde en faisant saillir de l'eau limpide ses seins nus et blancs. Voici le héros Siegfried, le tueur de dragon !

— Weia ! Waga ! Wagalaweia ! susurra Wellgunde en rejetant en arrière sa longue chevelure rousse. Il chevauche Grani, le fougueux cheval qui galope aussi vite que le vent…

— Heiaha weia ! Wagalaweia ! roucoula Flosshilde en arborant ses dents nacrées dans un large sourire. Il détient aussi le trésor des Nibelungen, arraché à la grotte de Fafnir !

Siegfried considéra les trois gracieuses apparitions avec davantage d'attention que lors de leur première rencontre.

— Vous revoici, femmes à la chair de poisson ! Je vous avais mal regardées, l'autre jour. Vous me semblez beaucoup plus attrayantes que dans mon souvenir. Si je n'étais pas lié par un serment d'amour et de fidélité à la femme que j'ai éveillée au sommet du Rocher de la Biche, je serais bien venu m'amuser un peu avec vous !

— Gaé ! Gaé ! Gaé ! cria Élidor en tournoyant au-dessus de la tête bouclée du jeune homme, comme s'il cherchait à confirmer ses paroles.

— Heiajaheia ! Heia ! Haha ! Siegfried est devenu bien galant tout à coup ! fit remarquer Wellgunde.

— Oui, mes sœurs ! répliqua Woglinde. Le gamin mal élevé semble avoir mûri. Il sait à présent reconnaître les charmes féminins. Heia ! Haha ! Heiajaheia !

— Wallalallalala leiahei ! Wallalallalala leiajahei ! Il nous contemple avec un regard de convoitise, renchérit Flosshilde. Le puceau voudrait sans doute être déniaisé !

— Hahahahahaha ! éclatèrent-elles de rire.

Siegfried se joignit à leur gaieté. Il éprouvait un sentiment noble et pur à l'égard de Brunehilde, mais la Walkyrie l'impressionnait, et il n'aurait jamais osé s'adresser à elle comme il le faisait avec ces charmantes ondines. Il avait plaisir à batifoler avec elles et à échanger des paroles courtoises, comme s'il s'amusait avec des jeunes filles de son âge. Brunehilde, elle, lui rappelait sa mère défunte, Sieglinde. L'amour qu'il lui portait était empreint de respect et d'admiration. Un respect et une admiration qui s'apparentaient à la crainte, cette peur qu'il n'avait jamais connue, même en face du dragon, et qu'il avait ressentie pour la première fois de sa vie devant la femme harnachée et casquée.

— Weia ! Waga ! Wagalaweia ! Le laisserons-nous s'amuser avec nous, mes sœurs ? minauda Flosshilde.

— Wallala weiala weia ! Quel sera le prix que nous demanderons au héros pour lui offrir nos charmes ? interrogea Woglinde.

— Weia ! Waga ! Heiaha weia ! Une seule chose compte à nos yeux et que possède le héros, compléta Wellgunde.

— L'or ! Le trésor du Rhin volé par les Nibelungen ! Et l'anneau très précieux qui fut forgé par les nains de Niflheim ! conclurent-elles toutes les trois en tendant leurs bras blancs vers le héros.

Siegfried se sentit troublé par la demande que lui faisaient les ondines.

— L'or ? Le trésor ? L'anneau ? Que me chantez-vous là, mes belles ? répliqua-t-il d'un ton plus sec.

— L'or ! L'or du Rhin ! Le trésor que porte ton cheval ! Et l'anneau que tu as glissé à ton doigt !

À ces mots, Siegfried porta sa main gauche à sa bouche. Il sentait encore la marque de l'anneau, comme une brûlure persistante.

— L'anneau ? Je ne l'ai plus. Je l'ai donné en gage d'amour à la plus belle des femmes. Quant au trésor, il est à moi, et je ne le livrerai à personne !

Les Filles du Rhin se mirent à tournoyer dans l'eau, subitement affolées.

— L'or ! L'or du Rhin ! L'anneau ! Perdus à jamais ! se lamenta Flosshilde.

— La malédiction est sur toi, Siegfried ! Cet anneau sera l'instrument de ton malheur et de ta mort ! prophétisa Woglinde.

— L'anneau maudit ne t'apportera pas l'amour de Brunehilde mais sa haine ! conclut Wellgunde.

— Fuyons ce fou ! Par lui le malheur et la mort fondront bientôt sur le monde ! clamèrent-elles en chœur. Wallalallalala leiahei ! Wallalallalala leiajahei !

Puis elles disparurent dans les profondeurs du Rhin, ne laissant à la surface de l'onde qu'une gerbe d'écume blanche.

Siegfried, agacé par ces paroles de mauvais augure, lâcha d'un ton renfrogné :

— Sur la terre comme dans l'eau, il faut se méfier des flatteries des femmes. Quand on résiste à leurs caprices, elles vous séduisent ou vous menacent. Quand on les défie, elles vous harcèlent de leurs cris. Que la peste emporte les femmes !

Puis, en serrant les flancs de son cheval, il repartit au galop en direction du sud.

— Gaé ! Gaé ! Gaé ! criait Élidor en s'envolant à sa suite.

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