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Quelle horreur que notre vie, et ses contrastes entre le rêve et la réalité !…
Afficher en entierLe jeune homme était peintre ! Un peintre pétersbourgeois ! Quel être étrange ! n'est-il pas vrai ? Un peintre dans la contrée des neiges ! Dans le pays des Finnois, où tout est humide, plat, pâle, gris, brumeux !...
Ces peintres ne ressemblent en rien, d'ailleurs, aux peintre italiens, ardents et fiers comme leur patrie et son ciel bleu. Au contraire, ce sont pour la plupart des êtres doux, timides, insouciants, aimant pieusement leur art, et qui se réunissent entre eux dans quelque chambrette, autours de verres de thé, pour discuter de ce qu'il leur tient le plus à cœur, sans se soucier du superflu.
(...) Le coloris de ces peintres est toujours gris, voilé, et porte ainsi la marque ineffaçable de notre ciel nordique. Et pourtant, c'est avec une réelle ferveur qu'ils s'adonnent à leur art. Beaucoup d'entre eux ont du talent, et s'ils pouvaient respirer l'air vivifiant de l'Italie, ils se développeraient certainement et fleuriraient aussi librement, aussi abondamment qu'une plante qu'on aurait transportée d'une chambre close à l'air libre.
Afficher en entierJamais ces jeunes gens ne vous regarderont droit dans les yeux ; et s'ils vous fixent, c'est d'un regard trouble, incertain, qui ne vous pénètre pas comme les yeux aigus de l'observateur ou les yeux d'aigle de l'officier de cavalerie. Cela provient de ce que le peintre, tout en vous dévisageant, distingue sous vos traits ceux de quelque Hercule en plâtre qu'il a chez lui, ou bien entrevoit déjà le tableau auquel il compte prochainement travailler. C'est à cause de cela qu'il répond souvent tout de travers, sans suite, et les visions qui le poursuivent augmentent encore sa timidité.
C'est précisément à cette sorte d'artistes qu'appartenait le jeune homme dont nous venons de parler, le peintre Piskariov, timide et timoré, mais qui portait en lui un feu ardent, capable, sous l'action favorable des circonstances, d'embraser son âme.
Afficher en entierÉloignez-vous autant que possible des réverbères et passez votre chemin aussi vite que vous le pouvez. Tenez-vous heureux s'ils se contentent d'arroser vos vêtements d'une huile puante. Tout, d'ailleurs, respire ici le mensonge : elle ment à chaque heure du jour et de la nuit, cette perspective Nevsky ; mais surtout lorsque les lourdes ténèbres descendent sur ses pavés et recouvrent les murs jaune paille et blancs des maisons, lorsque la ville s'emplit de lumières et de tonnerres et que des myriades de calèches passent en trombe au milieu des cris des postillons penchés sur le col de leurs chevaux, tandis que le démon lui-même allume sa lampe et éclaire hommes et choses, qui revêtent alors un aspect illusoire et trompeur.
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