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Dans l’impasse du futur, nous revêtons nos habits de beaux gosses pour démontrer que notre violence est plus belle que l’indifférence. Nous ne sommes pas des bêtes, ni même des monstres. Nous sommes le fruit des entrailles du déni.
Afficher en entierComment ça peut exister ce genre d'amour ? Le genre d'amour qui autorise l'abandon de soi ?
Il y aurait donc des hommes quelque part dans ce monde qui ne se contenteraient pas de "Suce ma bite" ? Des hommes qui plongeraient leur regard dans l'obscurité du monde sans vulgarité ni haine ?
Afficher en entier"C'est ce qu'elles sont, c'est pour ça qu'on les a bouclées à double tour : des gamines. À elles les hommes ont tout fait, sauf l'essentiel."
Afficher en entier"Il gisait là, devant nous, incroyablement humain, incroyablement seul."
Afficher en entier"Il m'envoie un baiser du bout des doigts. Le cadeau du roi à la mendiante trop fière pour mendier. Je lui expédie un doigt d'honneur. J'ai toujours été mal élevée.
On s'en fout."
Afficher en entier"Elles aiment leurs tatouages, leurs muscles de pauvres, la barette de shit dans la poche du jean, leurs regards par en dessous parce que fixer c'est avouer."
Afficher en entierOn ne dira jamais assez à quel point mater un mur toute la journée peut rendre fêlée, car une fois que t’as déchiffré les appels au secours du crépi tu te retrouves sur ton pieu face à une souricière. Rien à espérer sauf te raccrocher à des détails comme cette bande de lumière qui entre dans la cellule et dont la clarté sans accroc te propulse dans ton histoire. Et t’as beau te dire que tu préférerais être chez Zara et acheter des robes à faire chavirer les mecs des beaux quartiers, tu sais que le seul défilé auquel t’auras droit c’est celui des souve- nirs et de l’ennui. Il est midi, je mange des épinards en boîte et bois du café sans caféine dans une cellule de cinq mètres carrés où mon corps ne peut plus crier sa colère. Y a plus qu’à écrire, dire le pourquoi du comment qui fera mouiller ma psy, dire l’écrasante réalité et la banlieue qui fout des coups de Nike dans le rôti du dimanche.
Afficher en entier« Je n’irai jamais à New York. Jamais je n’entendrai les sirènes et les bruits des films. Jamais un type bien sapé ne me promettra un baise-main ou un loft à Manhattan avec vue sur le krach boursier. Je suis née du mauvais côté, là où rien ne passe, pas même la police. Ce n’est pas un cliché, c’est la vérité. On ne s’en sortira pas, ils auront beau faire leurs lois les unes sur les autres, aucune ne viendra perturber la détermination de la tragédie. J’ai appris dans l’école d’une République qui s’est foutue de ma gueule qu’in n’y avait parmi mes profs de français pas la moindre Marie-Chantal. Rien que des vieux dépressifs incapables d’aligner Molière et quelques illuminés par la vocation qui s’imaginent en nous promenant en laisse dans les musées que la culture va nous flanquer à genoux. Mais ils seront rongés par le temps avant qu’on dise amen à leurs statues. Le dépressif sort son couplet : un artiste, ça ne crée pas la beauté mais ça enlève ce qui empêche de la voir. »
Afficher en entierNos mondes ne se rapprocheront jamais, un cul-de-jatte ne récupère pas ses jambes. Comment expliquer à madame Je-baise-tous-les-trente-six-du-mois la cité du foutre, le présent au rabais, les perspectives qui s'arrêtent aux rails du RER et la discrimination non pas à l'embauche mais à la naissance ?
Afficher en entierY a des regards comme le sien qui ne te rendent jamais ridicule, qui t'ordonnent de te tenir droite car si tu ne le fais pas personne ne le fera pour toi. Il avait le feeling le psy, pas de prêche à la con, pas de mots en trop, simplement deux prunelles qui t'inoculent le sérum de vérité. Avec lui pas de cause perdue puisque de toute façon y a plus de cause. Il ne s'agit pas de retourner ta veste mais de porter le truc qui te donnera du style même si t'as plus de quoi bouffer.
Y en a qui appellent ça la dignité. Même en bas, t'y as droit et ça, personne ne le dit.
(p. 144)
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