Extraits

Il lui fait du mal, il le sait. Il ne peut pas mieux expliquer. Il distribue le malheur et les blessures autour de lui, pas de sa faute, jamais. Et ça ne se voit pas tout de suite. Il faut apprendre à le connaître pour souffrir.

Milan ne l’avait jamais vue pleurer. Sur le visage de Catherine qui a viré au gris fané, les larmes font la course comme un jour d’orage en été. Il n’oubliera jamais les petits plis inondés de chagrin. Elle renifle. Il a envie de mourir. Elle le connaît maintenant, oui elle le connaît très bien. Elle se mouche. Il ne la fera plus rester. Elle souffre trop de lui.

Au moment même où il vient s’asseoir près d’elle, après être allé chercher son paquet de cigarettes et son briquet, elle se lève. Si c’était un jeu il tenterait bien de se relever. Pour voir. Mais voir quoi ? Elle fuit aussi, elle se sauve. Il ne trouve plus rien à lui dire. Trop de promesses faites, jamais tenues. Avant de partir avec sa petite valise à roulettes et sa tête défaite, avant de quitter l’homme qu’elle aime peut-être encore, il tente d’y croire, Catherine se retourne, son menton tremble. Rage et tristesse sur manteau azur.

Ils sont rentrés au petit matin. Ils ont dormi dos à dos dans le canapé-lit. Il a voulu la prendre dans ses bras, lui faire l’amour, elle l’a repoussé avec ses pieds. Que s’était-il passé avant ? Que se passe-t-il depuis toujours ? Tant de choses mauvaises. Rien d’autre. Il repasse la langue sur ses dents. Catherine le secoue et il mesure qu’il va devoir affronter la réalité. Tout ce qu’il détruit.

- Ça suffit Milan. Arrête de faire semblant, réveille-toi maintenant.

Il la dévisage dans la pénombre du studio. Elle a mis son manteau bleu ciel, léger comme l’air. Elle a les cheveux mouillés et bouclés de la douche. Elle est belle. Il est trempé de sueur et il a soif.

- Milan, tu m’entends, j’ai bien réfléchi, c’est fini, je m’en vais.