Extrait

- Monsieur Eléphant -

Oliver : Animal préféré ?

Hadley : Je ne sais pas... Les chiens ?

Oliver secoue la tête.

- Trop bateau. Deuxième essai.

- Les éléphants alors.

- Sérieusement ?

Elle opine du bonnet.

- Comment ça se fait ?

- "Quand j'étais petite, je ne pouvais pas dormir sans cet éléphant en peluche tout mité", explique-t-elle, sans trop savoir pourquoi elle pense à ça maintenant.

C'est peut-être parce qu'elle va bientôt revoir son père, ou peut-être que c'est juste l'avion qui s'échauffe, là, en dessous, réveillant inconsciemment le désir puéril de serrer son vieux doudou contre elle.

- Je ne suis pas très sûr que ça compte.

- C'est que tu n'as pas jamais rencontré Monsieur Éléphant.

Il se marre.

- Et c'est toi qui es allée pêcher un nom pareil, toute seule comme une grande ?

- Parfaitement !

Elle sourit rien que d'y repenser.

Monsieur Éléphant ! Il avait des yeux noirs vitreux, des oreilles qui pendouillaient et une queue en corde tressée, mais il parvenait toujours à tout arranger. Des légumes qu'il fallait se forcer à ingurgiter aux collants qui grattaient, du pied qu'on s'était cogné à la gorge en feu qui vous clouait au lit, Monsieur Eléphant était là. Il était l'antidote universel : il consolait de tout. Avec le temps, il avait perdu un œil et une bonne partie de sa queue. Il s'était fait pleurer dessus, renifler dessus, marcher dessus, écraser... Pourtant, quand Hadley avait quelque chose de travers, papa n'avait qu'à poser la main sur sa tête pour la diriger vers sa chambre.

« Il est temps de consulter Monsieur Éléphant », déclarait-il. Et ça marchait. A tous les coups. Évidemment, le crédit en revenait sans doute plus à son père qu'au petit éléphant en peluche, mais c'est seulement maintenant qu'elle en prend vraiment conscience.