Extraits

Euphorie des déplacements en hélicoptère dans des horizons sans limites ; persévérance des pluies et des nuages qui se déchirent, le tapis vert au sol qui efface les reliefs, les fleuves boueux et les mangroves qui ondulent au passage ; un accident et on meurt, dévoré par la forêt.

Les journalistes se suivent et ne se ressemblent pas. Au déjeuner : un type sentencieux ; une petite frappe malpropre en pantalon-allumette ; une belle gueule de Kabyle qui me plaît tout de suite bien qu’il ne soit pas particulièrement cordial mais parce qu’il n’y a manifestement rien de veule en lui.

Je vais devoir garder le bras en écharpe pendant au moins deux mois avec un bandage qui me le tiendra serré contre le corps et me donnera l’apparence d’une sorte de Polichinelle difforme qui me gêne et m’humilie. Les gestes les plus simples de la vie quotidienne deviennent très compliqués. Saïd, particulièrement attentionné, m’aidera chaque matin à m’habiller et à me laver.

Les journalistes ont beau chercher, ils ne trouvent pas grand-chose à redire. Cela ne les empêchera pas d’écrire que tout va de mal en pis.

Le ministre est un personnage que l’on craint ; il peut briser une carrière en un instant et on n’est plus tout à fait soi-même quand on entre dans son bureau. Je ne dois jamais l’oublier, même si je souhaite instaurer des relations différentes, plus confiantes et paisibles. Débiner le ministre quand on est rassuré sur son propre sort est aussi un sport très répandu. Quant à l’administration, elle gère les menaces de heurts et de conflits en faisant le gros dos, en étant d’accord sur tout et en attendant que ça se passe ; les ministres se succèdent, l’administration demeure et joue la montre.