Extraits

- Tu n'as donc rien appris de notre voyage ? balança Daesyn, plein de reproches.

Son plateau claqua plus fort que nécessaire sur la table lorsqu'il s'installa juste en face de moi.

- Bonjour à toi aussi, rayon de soleil de ma vie.

Au vu de la pénombre, le soleil devait s’être couché, mais je distinguais parfaitement les lignes du visage de Daesyn, qui avait toujours les yeux fermés.

— Arrête de me regarder, dit-il calmement.

Je me figeai.

— Je suis simplement tournée sur le côté.

Il renifla.

— Je sens tes petits yeux de fouine braqués sur moi.

Ma main lui claqua l’épaule. Pas suffisamment fort pour lui faire mal, mais assez pour lui arracher une protestation. Je ris de son air courroucé, tandis qu’il se redressait sur le coude.

— Recommence, et je t’arrache la main, me prévint-il.

— Je tremble de peur, répondis-je.

Se terrer, observer, attendre.

« Elle pourrait mourir pour moi, et je pourrais détruire le monde pour elle. »

« Mais les anomalies sont parfois celles qui sont capables de changer un monde. »

Soudain, je me rendis vraiment compte de notre proximité. Enfin c'était déjà le cas avant, mais elle était auréolée de nos prises de bec habituelles, atténuant par ce fait toute intimité.

Que les dieux tout-puissants m’offrent la patience suffisante pour ne pas le noyer, grommelai-je en lui tournant le dos. 

— C’est ridicule, finis-je par perdre patience en secouant la corde devant moi. Où voulez-vous que j’aille dans cette maudite contrée ?

— De préférence, directement dans la gueule d’un dragon, me répondit-on 

— Je t’entends penser. C’est insupportable.

Mes narines s’évasèrent d’agacement.

— Eh bien, n’écoute pas, alors.

— Impossible. C’est comme essayer d’ignorer un moustique durant la nuit. Crache le morceau, Eira. Qu’on en finisse. 

— Tu sais ce qu’il te dit, le sanglier ?

— Plein de paroles agréables, j’en suis certain.