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La robe a survécu à la personne, dit Hannah quand je la pose sur le lit.
Afficher en entierA l'été 1945, les premiers chars américains déboulent au coin de la rue. Les Amis, comme on les appelle ici (...). Ma rue est attribuée au secteur américain. Dans le classement des forces d'occupation, les Russes sont en dessous de tout, les Français médiocre, les Anglais souvent sadiques. Avec les Amis on est sûr d'être traité correctement.
Afficher en entierTous parlaient du garrot qui s'était resserré progressivement, de la fuite souvent à la dernière minute. Du déracinement dans le nouveau monde fait de gratte-ciels ou de désert. Sans argent, sans travail, sans statut social. Leurs pères étaient devenus simples ouvriers, concierges, garçons d'ascenseur dans les buildings de New York ou chauffeurs de taxis et de bus, marchands de fruits et légumes à Jérusalem. Le soir, ils découvraient ces bourgeois si érudits, penchés comme des collégiens sur des listes de vocabulaire. Ces Professor Doktor ne perdirent jamais leur accent et continuèrent à construire leurs phrases à l'allemande, le verbe à la fin, l'adjectif avant le nom...
Afficher en entierLes rues de Paris se sont laissé doucement porter par le fil du temps et des époques. Elles sont arrivées jusqu'à notre ère pratiquement sans dommages. Rien de tout cela dans ma rue. Elle est faite de fractures. De déchirures brutales. Elle est une superposition d'époques, l'une effaçant presque entièrement le souvenir de l'autre. Sur le trottoir du numéro 11, les passants trébuchent encore sur le trou de bille, l'encoche creusée dans la dalle par un obus durant les derniers combats d'avril 1945. Les gamins de la rue y parquaient leurs billes dans les années 50.
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