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À l’époque, Lévesque était analyste en chef au Service canadien des renseignements criminels, un organisme de la GRC qui vise à conjuguer les efforts de plus d’une centaine d’agents de renseignements un peu partout au pays. Nous étions le 17 octobre 1994 et il y avait plusieurs années déjà que le SCRC s’intéressait aux bandes de motards criminalisés en général, et aux Hells Angels en particulier. De toute évidence, ceux-ci étaient en voie de devenir la plus importante organisation criminelle au pays, surpassant les gangs asiatiques, la pègre russe et même la traditionnelle mafia italienne.
Afficher en entierÀ cette époque, Lévesque avait instauré le projet Pleins Feux, qui avait pour mandat de récolter le plus de renseignements possible au sujet des motards. Avec un peu plus de données, il serait peut-être possible de convaincre la police d’amorcer des enquêtes ciblées. En secouant le cocotier, on pourrait peut-être débusquer quelques délateurs. Qui sait? Mais en dépit de ses bonnes intentions, Lévesque n’était pas parvenu à faire bouger les choses. Le projet Pleins Feux n’était rien de plus qu’un ramassis d’articles de journaux et de rapports de police.
Afficher en entierLes classeurs de la GRC comptent des milliers de pages qui font état de l’ascension au pouvoir de caïds tels Maurice «Mom» Boucher, David «Wolf» Carroll et Walter «Nurget» Stadnick. Ces documents – qui ont été déposés à la cour – illustrent magnifiquement l’ampleur de ce mouvement criminel qui englobe le pays entier, de la Nouvelle-Écosse à la Colombie-Britannique en passant par l’Ontario et le Manitoba. Le présent ouvrage raconte l’histoire véridique d’un petit groupe de motards qui est devenu si puissant qu’il a secoué les fondements mêmes de notre système judiciaire.
Afficher en entierMais alors même que les motards orchestraient froidement la mort de Mersereau, ils ignoraient qu’un informateur se cachait dans leurs rangs. Il y avait déjà plusieurs années que Dany Kane fournissait quotidiennement aux autorités des renseignements sur les Hells Angels, dévoilant leurs secrets les plus intimes. Les révélations que fit Kane à la police témoignent de l’expansion brutale et sanguinaire de cette bande de motards hors-la-loi, qui allait plus tard devenir l’organisation criminelle la plus puissante au Canada. Elles témoignent également du fait qu’à cette époque la police savait tout des Hells et de leurs désirs expansionnistes.
Afficher en entierLes tueurs avaient épargné un bébé de 18 mois que l’on avait retrouvé dans son berceau, pleurant à fendre l’âme. Les parents, eux, n’avaient pas été aussi chanceux.
C’était un autre dimanche paisible à la campagne. Nous étions le 10 septembre 2000. Ce jour-là, la maison qui se trouvait un peu en retrait de Cogmagun Road, à quelque 120 km de Halifax, avait été silencieuse. Trop silencieuse, peut-être, puisqu’une voisine avait décidé de s’y rendre pour voir si quelque chose clochait. Là, elle découvrit les corps de Kirk Mersereau, 48 ans, et de sa femme Nancy, 47 ans. Il s’agissait manifestement d’une exécution. Le couple avait une fillette de quatre ans qui, par bonheur, était chez sa grand-mère au moment du drame. Si elle avait été à la maison, il est probable qu’elle y serait passée elle aussi – les tueurs à la solde du crime organisé ne laissent jamais de témoins derrière eux; le bébé n’avait été épargné qu’en vertu de son jeune âge.
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