Extraits

Nouant les bras autour de son cou, elle se pressa en tremblant contre lui.

— Dis-moi.

— Par rapport à toi et à moi, je... je... Oh, ce n'est pas possible, je n'y arriverai jamais !

Elle se rejeta en arrière, les yeux brillant de larmes.

— J'ai trop peur... S'il te plaît... Lis dans mes pensées, Sébastian.

Les yeux de Sébastian s'obscurcirent mystérieusement. Il écouta les mots d'amour qu'elle lui hurlait en silence et sourit.

— Encore, chuchota-t-il en prenant ses lèvres. Je veux l'entendre encore... Et à haute voix, cette fois.

— Surtout ne crois pas que j'attende quoi que ce soit de toi en retour.C'est juste que...

— ... que je t'aime, acheva-t-il pour elle.

Elle sourit faiblement.

— Oui, je ne voulais pas mélanger amour et travail, mais ça s'est fait quand même. Et j'ai pensé que tu avais droit à la vérité. Mais je ne m'attendais pas à trouver toute ta famille réunie en arrivant.

— Laquelle famille se trouve actuellement agglutinée devant la fenêtre de la cuisine. Et nous écoute avec une religieuse attention.

— Quoi ?Mel se retourna en sursaut, faillit trébucher et se rattrapa in extremis.

— Oh ! mon Dieu... Je file, Donovan.

Il était rare que Mel agisse sur un coup de tête. Des risques, elle en prenait quotidiennement dans son métier, bien sûr. Mais jamais sans avoir mesuré minutieusement les conséquences au préalable.

Or avec Sébastian, ce soir, elle ne mesurait plus rien. C'était la plongée en aveugle dans l'inconnu. Et pourtant, un instinct tout-puissant lui ordonnait de rester.

Et de faire confiance

Elle rêva qu'un homme rêvait d'elle. Alors qu'elle-même le voyait et ne dormait pas. Avec une netteté étonnante, la silhouette de l’inconnu se détachait devant une haute fenêtre sombre. Il se tenait debout, immobile, les bras ballants. Mais l'expression de son visage était tendue, intense. Et son regard... son regard était grave et incroyablement pénétrant. Des yeux gris, songea-t-elle, tout en s'agitant dans son sommeil. Mais d'un gris riche en nuances qui tirait aussi sur le bleu. Par moments, leur couleur lui rappelait l'austérité de la roche ; à d'autres, elle évoquait plutôt la surface paisible d'un lac aux eaux profondes.

Etrangement, elle ne voyait rien de son visage, hormis ces yeux gris-bleu au regard étonnant. Et néanmoins, elle savait que son expression était marquée par une intense concentration.

Elle savait également que c'était à elle qu'il pensait. Penser n'tait peut-être pas le mot, d'ailleurs. Voir aurait été un terme plus exact. Comme si elle s'était levée du lit où elle dormait pour se placer de l'autre côté de la vitre, directement dans son champ de vision.

Elle eut l'étrange certitude, soudain, que si elle levait la main un pour la presser contre le verre, ses doigts franchiraient la barrière invisible et toucheraient les siens.

Et néanmoins, elle n'en fit rien.

Car même dans ses rêves, Mel Sutherland fuyait l'irrationnel sous toutes ses formes.

Mel se laissa aller à penser qu'il avait des mains d'artiste.A la fois fines et fortes .Expertes et élégantes.Et douces, aussi, sans doute.Habituées à déboucher des bouteilles de champagne .Ou à déshabiller de jolies femmes.

-Généralement, je combine volontiers les deux activités, observa-t-il.

— Oh, mon Megakong !

Le chien bondit sur ses pattes. Avec un aboiement joyeux, il se jeta sur son jeune maître avec toute la délicatesse d'un rugbyman effectuant un tacle.

— Vous vous y connaissez en chakras, vous ? demanda Nash à Mel dès que sa femme eut le dos tourné.

— Mmm... Ça se mange ou ça se danse ?

Nash lui appliqua une tape affectueuse dans le dos.

— Je crois que nous allons nous entendre, vous et moi...

— Tu sais ce que j'aime chez toi, Donovan ?

— Non?

— Tu es capable d'embrasser la main d'une fille d'un air pénétré sans avoir l'air ridicule. Et je te promets que c'est un exploit.