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Au-dessus des arbres, à l’est de la clairière de l’Arbre de l’Été, la Lumière se leva. Et, en cette nuit de la nouvelle lune, une lune pleine brilla de tous ses feux sur Fionavar. Les arbres de la forêt se mirent à murmurer et à se balancer dans le vent soudain, et Paul vit que la lune était rouge, comme la flamme et le sang, et une puissance façonna cet instant à la ressemblance de Dana, la Mère, venue intercéder en sa faveur.

Déesse de toutes les créatures vivantes dans tous les univers, mère, sœur, fille, épouse du Dieu. Et Paul vit alors, en une intuition soudaine et aveuglante, que l’identité exacte importait peu, elles étaient toutes vraies ; à ce niveau de puissance, à ce degré absolu de la puissance, les hiérarchies perdaient toute signification. La puissance seule avait un sens, la présence manifestée. Une lune rouge dans le ciel par une nuit de nouvelle lune, pour illuminer la clairière du Bois Sacré, pour envelopper l’Arbre de l’Été de brume à son pied, de lumière à son sommet.

Paul leva les yeux, au-delà de la surprise, au-delà de l’incrédulité. L’offrande sacrificielle, la coque. La pluie à venir. Et en cet instant, il lui sembla entendre une voix, dans le ciel, dans la forêt, dans la course de son sang maintenant couleur de lune, et la voix résonna, faisant vibrer les arbres comme autant de cordes :

Ce n’était pas ainsi, ce ne sera pas ainsi.

Et quand les échos se turent, Paul était de nouveau sur la route, avec Rachel sous la pluie. Une fois de plus il vit le pneu de la Mazda éclater, et la voiture aller emboutir la Ford. Il vit l’obstacle tournoyant, impossible à éviter.

Il vit, à gauche, un espace où passer, avec trente centimètres de dégagement.

Mais Dana était avec lui à présent, la Déesse, l’emportant vers la vérité. Et, dans un crescendo final d’absolution qui lui brûla le cœur, il vit qu’il avait échoué de justesse, de justesse, non à cause d’une hésitation issue d’un désir de ne pas agir, non à cause d’un désir de mort ou de meurtre, mais seulement, en fin de compte, parce qu’il était humain. Oh, ma mie, il était humain. Seulement, simplement humain, et il avait échoué à cause de son chagrin, du choc de la révélation, de la pluie. À cause de tout cela, et tout cela était pardonnable.

Et pardonné, comprit-il. Vraiment pardonné, oui.

Ne nie pas ta propre mortalité. La voix était en lui comme le vent, c’était l’une des voix de la Déesse, une voix parmi tant d’autres, il le savait, et dans cette voix il y avait de l’amour. Il était aimé. Tu as échoué parce que les humains échouent. C’est un don, comme n’importe quel don.

Puis, tout au fond de lui comme les notes basses d’une harpe – et ce n’était plus douloureux –, s’élevèrent enfin ces mots : Va, et va en paix. Tout est bien.

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DU plus loin qu'il se souvenait, tout le monde lui avait parlé de choix. De la Lumière et des Ténèbres, du choix à effectuer entre les deux. Mais on n'avait pas été capable de choisir ou de décider en ce qui le concernait.

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Il était tard, il faisait nuit noire, tout était tranquille. Il était las, loin de chez lui, et, sans raison évidente, il avait mal. Paul était parti ; même en cette nuit il n’avait pu trouver de plaisir, il avait de nouveau voulu échapper à des larmes. Même en cette nuit, même en ce lieu. Kevin pouvait trouver tant de raisons. Aussi dit-il : « Cette pièce s’appelle La Chanson de Rachel », et, luttant contre sa gorge serrée, il se mit à jouer. C’était une mélodie que nul ici ne pouvait connaître, mais tous ressentirent aussitôt l’appel de sa tristesse. Puis, au bout d’un long moment, il laissa sa voix s’élever – il avait une voix grave quand il chantait. Il avait composé les paroles longtemps auparavant avec la ferme intention de ne jamais les chanter :

 

Mon amour, te souviens-tu

De mon nom ? Je me suis perdue

Dans l’été hiver devenu

Par le gel amer engloutie

Et quand juin devient décembre

C’est le cœur qui en paie le prix

 

Les vagues se brisent au long de la grève

Dans le matin gris lente tombe la pluie

Et la pierre a tout recouvert

 

Tu enfouiras ta peine

Profonde en la mer

Mais les marées désespèrent

D’être jamais apprivoisées

Un jour viendra

Où tu pleureras pour moi

 

Les vagues se brisent au long de la grève

Dans le matin gris lente tombe la pluie

Oh mon amour, souviens-toi

Souviens-toi de moi

 

Puis la mélodie revint en solo, transposée ; c’était la composition la plus soignée qu’il ait faite de toute sa vie, surtout le passage qu’il abordait maintenant, avec des larmes, de stupides larmes. Le passage où la mélodie faisait mal, était si belle, si pleine de souvenirs : l’adaptation du second mouvement de la Sonate pour violoncelle en fa majeur de Brahms.

Malgré la lueur des bougies qui se brouillait devant ses yeux, les notes étaient d’une netteté parfaite ; Kevin exécutait le morceau que Rachel avait joué à son récital d’examen, et donnait voix à la souffrance qui était et n’était pas la sienne.

Dans la salle obscure, la chanson de Rachel s’éleva, passa sur les corps endormis qui s’agitèrent dans leurs rêves soudain teintés de tristesse, passa parmi ceux qui ne dormaient pas et pouvaient en sentir l’appel, en se rappelant leurs propres chagrins. Elle gravit l’escalier et enveloppa les deux femmes qui s’appuyaient à la rampe, toutes deux en larmes à présent ; elle effleura les chambres où les corps reposaient entrelacés dans les dessins de l’amour ; elle se coula par la fenêtre ouverte, dans la nuit tardive de la rue et la vaste obscurité qui sépare les étoiles.

Et sur les pavés obscurs, la silhouette d’un homme s’immobilisa près de la porte de la taverne, sans la franchir. La rue était vide et la nuit sombre, il n’y avait personne en vue. Il écouta dans un profond silence et, quand les paroles de la chanson se turent, il s’éloigna sans bruit car il avait déjà entendu la musique.

Et c’est ainsi que Paul Schafer, qui avait fui les larmes d’une femme et s’était traité d’imbécile pour revenir ensuite sur ses pas, se détourna pour la dernière fois et ne revint pas en arrière.

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