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Frank Abbott était agréablement occupé à oublier qu’il était inspecteur de police. Certes, en le rencontrant pour la première fois, nul n’aurait soupçonné ses attaches avec Scotland Yard et les rouages inexorables de la loi. Ou peut-être, à la rigueur, en qualité d’avocat. De fait, il se destinait autrefois au barreau, mais la mort soudaine de son père l’avait obligé à trouver un métier mieux à même de résoudre les problèmes matériels qui se posaient dans l’immédiat. Son arrière-grand-père paternel s’étant marié trois fois et ayant accompli son devoir envers l’Angleterre en engendrant deux douzaines de rejetons, Frank pouvait se flatter de compter plus de parents collatéraux que quiconque dans le pays. Il avait une vie sociale bien remplie. Il pouvait séjourner dans presque n’importe quel comté sans avoir à payer de note d’hôtel et, en ville, il croulait sous les invitations. Lorsqu’il était plus jeune, son supérieur hiérarchique, l’inspecteur principal Lamb, avait composé spécialement à son intention un sermon sur le vice et son inévitable corollaire, la luxure. Il le prononçait si souvent que Frank aurait pu l’interrompre à n’importe quel endroit et enchaîner à sa place. Bien que pratiquement tombé en désuétude, ce sermon était encore susceptible d’être exhumé, refourbi et assené avec une vigueur intacte.
Afficher en entierCes paroles entrecoupées de gros soupirs étaient, hélas! la stricte vérité. Si Johnny n'épousait pas un beau parti, il devrait gagner son pain à la sueur de son front et cette simple pensée le révoltait. Mirrie et la fortune en plus, c'était une perspective particulièrement séduisante, mais Mirrie sans rien du tout annonçait une vie de dur labeur. L'idée aurait dû le dégriser définitivement, pourtant il se mit à embrasser les mains de la jeune fille et à tenir des propos qui, au lieu de lui glacer le sang, semblaient avoir sur lui l'effet inverse.
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