Extraits

Tout en roulant vers la place Blanche, Anders songeait à l'organisation des trafiquants de drogue. Une entreprise toujours construite sur le même modèle.

On pouvait la comparer à une sorte d'hydre ou à un arbre maléfique.

Le sol où plongeait les racines, c'était l'étranger, les différents pays producteurs où les trafiquants s'approvisionnaient.

Le tronc, voilà où commençait la partie visible et tangible. C'était un canal unique par où passait la sève empoisonnée. Il apparaissait en Europe, principalement en France et dans quelques grandes villes commerçantes comme Francfort ou Hambourg. Mais ce tronc était solide, bien camouflé et protégé par des épines. Lorsqu'on butait dedans sans précaution, on avait toutes les chances de se faire transpercer.

C'est ce tronc qu'il fallait détruire en le coupant le plus près possible du sol, afin que les rameaux ne repoussent pas sur la souche.

Les branches ? Aucune importance. Elles tomberaient toutes seules et se faneraient d'elles-mêmes, une fois le tronc coupé.

Pour l'instant, c'était par elles qu'il fallait remonter pour parvenir jusqu'au cœur de l'arbre. Les branches représentaient la masse des demi-grossistes et des revendeurs qui écoulaient la drogue sur le marché. Elles étaient insaisissables et on les tranchait sans pitié dès qu'elles étaient découvertes.

Les organisateurs de la filière venaient de prouver qu'ils ne reculaient pas devant toutes une série de meurtres pour sauvegarder leur incognito. Pour eux, la vie humaine ne comptait pas. Seuls importaient les énormes bénéfices qu'ils tiraient de leurs entreprises.

Une seule solution pour les abattre ; répondre à la force brutale par la ruse et par une force encore plus brutale.

Mais cette dernière méthode n'était pas légale. C'est la raison pour laquelle des hommes comme Anders existaient et risquaient leur peau, désavoués s'ils se faisaient prendre.

Dix ans de moins, pour un homme, valent largement la même peine en plus pour une douzaine de criminels.