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POUR UNE VILLE DE HUIT MILLE HABITANTS, Kensington est plutôt bien équipée : une quincaillerie, deux épiceries, un fleuriste, une boulangerie, un drugstore offrant une sélection de livres plus vaste que la moyenne, un magasin d’antiquités, une agence immobilière, une entreprise de pompes funèbres. Quand un décès survient à Abrams, Havering, Bloomfield ou Gains, ou dans n’importe quelle autre des bourgades-pas-vraiment-villes éparpillées à travers le comté, personne ne songe à s’adresser à un établissement de pompes funèbres de la grande ville. On appelle J. C. Dryden et Fils, une société fondée en 1882, quatre ans tout juste après Kensington elle-même. Si, comme cela arrive parfois, la demande est trop forte pour qu’on puisse organiser des obsèques dans un délai convenable, M. Dryden prend personnellement contact avec les personnes endeuillées afin de les aiguiller vers d’autres possibilités. Kensington est par conséquent un endroit où il fait bon mourir à défaut d’y faire bon vivre, même si le prix de l’immobilier y est indéniablement assez élevé. Deux des magasins de Kensington sont situés dans Fairfax Street, mais la plupart se trouvent le long d’Albert Street, ou dans Victoria Street, une rue adjacente. À partir d’Albert Street, l’agglomération se déploie en éventail vers le nord ; au sud, elle s’étend jusqu’à cinq miles de l’Interstate, pratique pour ceux qui travaillent à la grande ville ; à l’est, elle est bordée par une rivière à l’air assoiffé, et, à l’ouest, par les gazons saturés d’arroseurs du terrain de golf, lequel finit par céder la place à une forêt de pins, de liquidambars et de mélèzes d’Amérique.
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