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Au XIIe siècle, d'autres s'écrient : « Qu'importe la mort ! Prenons le bien qui nous vient à chaque jour. Après, advienne que pourra ! » La mort mettra fin à la bataille et, elle venue, il ne restera plus rien ni du corps ni de l'âme. D'autres disent qu'un Dieu bon ne saurait avoir créé un enfer, ou mis au monde un homme voué à la peine, au travail et au malheur. A la même époque, des clercs pauvres et facétieux, les goliards, courent les routes en chantant le jeu, le vin, l'amour, critiquant la société d'ordre, fondée sur l'argent, parodiant l'Évangile selon le (saint) marc d'argent.
Afficher en entierUne très abondante littérature populaire nous campe le personnage de la femme mariée, vue par les maris ou les autres hommes; on a pu remarquer, au moins dans la littérature des XIIe et XIIIe siècles, que le nombre de maris réprimandés, battus, tyrannisés – et cocufiés – par leur femme-ogresse, forte en gueule et seule patronne à la maison, portant les braies, est très supérieur à celui des femmes « corrigés » par leur mari. Il faut certes interpréter ce fait avec prudence, se demander s'il ne s'agit pas là d'une caricature aux traits forcés : femme coquette s'enduisant de fiel de mouton, de graisse de chien, envoûteuse, empoisonneuse, menteuse et trompeuse; femme torturant son mari en lui faisant exprès répéter dix fois la même chose, l'assourdissant de son caquetage, le contredisant : veut-il du vin, il a de la cervoise; du pain, il a du gruau plein de levain; il dort, elle le réveille; il se tait, elle l'attrape; il parle, elle lui coupe la parole. La femme est rioteuse, querelleuse, papelarde (donnant ses rendez-vous à l'église), désobéissante, envieuse, superstitieuse, cruelle, luxurieuse, exigeante et insatisfaite, elle réclame le devoir conjugal avec emportement et « si le mari est trop fatigué pour s'exécuter, elle lui arrache les cheveux et le gifle »; un autre jour le mari en a-t-il envie? Elle le refuse. Les Lamentations de Mathieu, les satires contre les ivrognesses ou les maquerelles ne doivent pas trop nous retenir, mais tous ces ouvrages tendent à mettre en évidence la place exceptionnelle que la femme occupe dans la société médiévale et dans tous les milieux.
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