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Extrait ajouté par bridget 2013-02-27T10:04:56+01:00

Je te haïssais.

Avec tes cheveux verts, sales, tu représentais tout ce que j'exécrais alors : le désordre, le mauvais goût, l'improductive et vaine révolte juvénile. Tu malmenais ta féminité dans des hardes trouées, des guenilles comme jetées au hasard sur ton corps de ce fait insoupçonnable, sauf lorsque de trop larges mailles laissaient impudiquement entrevoir tes seins affriandeurs, ou quand tu portais ce pantalon écossais trop petit, moulant en diable, déchiré en de multiples endroits et garni d'épingles de nourrice - un mystère pour moi que la vogue de l'épingle de nourrice en 1977, une preuve en tout cas de ton infantilisme. Si tu avais été ma soeur, papa t'aurait reniée.

Je t'aurais volontiers évitée mais tu avais atterri, deux mois après la rentrée, dans ma classe de terminale - certainement après avoir été renvoyée de nombreux lycées. Ton entrée au milieu d'un cours d'histoire-géo consacré au fascisme mussolinien fit sensation : Dijon est une tranquille ville bourgeoise, qui abhorre le scandale, requiert un conformisme sobre. Tu lâchas un bonjour dédaigneux à notre enseignant, lui tendis un papier - preuve de ton intégration administrative - et allas t'asseoir en fond de salle, mâchoires serrées.

- Vous viendrez me trouver à la pause, mademoiselle, que nous voyions comment vous pourrez rattraper les cours.

Tu acquiesças. Je doutai que tu puisses rattraper, ni même attraper, quelque cours que ce fût. Tu n'étais pas comme nous, ta place n'était pas parmi nous, ton éruption infectieuse sur le tissu sain de notre terminale me démangeait déjà.

Je fis part le soir même à papa de la grande nouvelle de la journée. Cela relança le débat entre maman et lui sur les avantages de l'école privée. Papa avait refusé de m'y inscrire, tenant à vérifier une fois encore sa théorie sur la sélection naturelle : les plus forts gagnent toujours, et plus le milieu est hostile, plus ils en sortent puissants.

Quand tu arrivais le matin, les jours où tu daignais venir, une cigarette émergeait de ton profil, et tu en aspirais une entre chaque cours, quitte à manquer le début de celui-ci pour profiter de la fin de celle-là. J'admirais le flegme (la résignation ?) des professeurs face à ta dégaine. Pasteurs consciencieux, ils se devaient, supposais-je, d'accepter au sein de leurs troupeaux même les plus galeuses des brebis, au nom de l'égalité républicaine des chances - le genre de principe qui me semblait alors ferment de médiocrité.

En cours, tu n'écrivais jamais rien. Jamais. Tu répondais aux questions d'un air aider, toujours avec pertinence cependant; aussi les enseignants excusaient-ils ta distance ironique et ta cynique désinvolture. Les quelques remarques que certains t'adressaient, à l'occasion, sur ton accoutrement ne te touchaient apparemment pas, et tu paraissais tout aussi lointaine quand ils complimentaient ton travail ou t'exhortaient à participer davantage en classe. J'aurais voulu te voir tramée par les cheveux hors des salles, sous les injures, et rejetée au loin, loin de mon monde ; j'aurais souhaité te voir lavée à grande eau dans la cour, tes nippes brûlées dans un grand autodafé ; j'aurais aimé... Mais rien. Rien que tolérance démocratique et muette réprobation. J'enrageais. Excellente élève, peu encline au chahut, le corps enseignant n'avait aucune prise sur toi.

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