Extraits

— Ne t’approche plus de mon ange, le menacé-je en le plaquant contre le crépi d’un bâtiment.

Celui-ci se fend en un bruit sourd.

Kai lève ses deux mains en l’air et ricane.

— Lucifer…, tu es tellement prévisible…

L’homme me regarde avec des larmes qui perlent au coin des yeux, et je ne peux m’empêcher de lui sourire.

Je me nourris de son appréhension.

D’un seul mouvement rapide et tranchant, j’opère. Mes ailes se plantent dans son ventre pour le soulever de terre.

— Chhhhhut…, lui murmuré-je en remuant mes griffes à l’intérieur de lui, dans le seul but de le faire souffrir un peu plus.

Une larme roule sur la joue de ma victime.

Je m’en régale d’un coup de langue en gémissant de plaisir.

Une petite pression et mon aile s’enfonce un peu plus dans ses entrailles.

Un cri étouffé s’échappe de sa bouche, accompagné d’un filet de sang frais.

J’en salive de plaisir.

J’extirpe une griffe de son ventre pour la lui enfoncer dans le cœur en un coup funeste.

Cet instant précis est absolument magnifique. Toute sa misérable vie défile dans son esprit et je me délecte de sa peine, sa douleur, sa mort.

— Je veux que vous ressuscitiez ma mère.

Il avale une gorgée de sa boisson, puis garde son verre en suspens devant son nez, un grand sourire collé au visage.

— Calista ! je suis bien heureux de te voir, ici…, chante un homme dans un superbe costume trois pièces.

Je déglutis.

Sa taille, son assurance et ses vêtements correspondent parfaitement à l’ambiance des enfers : impeccable et terrifiant.

Il est charismatique à tel point qu’il est quasi impossible de détourner le regard quand il pose les yeux sur une cible. En l’occurrence, la cible à cet instant, c’est moi.

Lucifer.

— Tu crois que le diable est à ta disposition ?

Je baisse le nez vers mes chaussures bleues. Qui soit dit en passant apparaissent ternes ici. Aucune couleur. Seulement du gris. Comme si la joie et le bonheur étaient bannis en ces lieux.

— Je me nomme Calista. Calista Casey. Lucifer me connaît, annoncé-je en prenant un air sûr de moi.

La petite voix de Soledad résonne en moi, elle m’insuffle du courage.

— Je me contrefous de ton prénom et si tu cherches les…, attends, comment tu as dit que tu t’appelais ?!

Surprise, je relève le visage vers mon interlocuteur.

— Calista, répété-je.

Il appuie sur un bouton qui ouvre un accès à un ascenseur.

— Pardonnez-moi. Allez-y…

Ce revirement ne m’annonce rien qui vaille…