Extraits

Il était en train de taper les dernières lignes de son rapport avant de le relire et de l'envoyer à Houston pour analyse, mais avant il voulait revérifier les données avec David.

D'après leurs calculs, l'astéroïde était à présent sur une trajectoire d'entrée en orbite terrestre. Sa vitesse, sa distance, mais surtout son angle d'approche ne pouvaient plus l'empêcher d'être piégé par la gravité de notre planète. L'angle d'approche était beaucoup trop court, et il allait frôler à plusieurs reprises les plus hautes couches de notre atmosphère ce qui le conduirait inévitablement à se désorbiter à plus ou moins courte échéance. Et ce n'était pas tout, les derniers rapports en provenance de Siding Spring annonçaient une revue de sa taille et de sa masse. Les estimations qui avaient été effectuées il y a vingt ans n'étaient pas tout à fait exactes, ce qui était assez courant avec d'aussi "petits" objets à de telles distances, mais cette fois il s'était approché beaucoup plus près de la Terre et les observatoires de veille avaient pu affiner leurs mesures.

Apophis avait gagné presque 100 mètres de diamètre et environ le double de la masse initialement calculée, soit près de 50 millions de tonnes ! Sa vitesse était pour l'instant de 18 000 km/h mais lorsqu'il commencerait à s'approcher de la Terre, la gravité de cette dernière allait l'accélérer progressivement. De la même façon qu'une bille dans un cône, s'approchant du trou au fond, en tourbillonnant. Elle allait accélérer un peu, accélérer un peu plus et finir par tomber brusquement.

La petite bille qu'était Apophis glissait sur le tissu de l'espace-temps déformé par le "poids" de la Terre qui y repose, formant une dépression dans ce tissu, une dépression suffisamment importante pour empêcher Apophis d'en remonter avec sa propre vitesse. Il allait falloir lui donner un petit coup de pouce.

Même jour

Cheyenne Mountain Complex – Colorado (Etats-Unis)

Alan était dans son bureau, il écoutait son collègue Dimitri en train de discuter par téléphone avec un représentant de l'ESA depuis maintenant près d'une heure. Lorsqu'il raccrocha, il vint s'asseoir sur le petit fauteuil près du bureau d'Alan.

- C'était le Centre de Physique des Particules de Marseille, les mesures effectuées par Antares confirment celles d'IceCube. Le second choc était accompagné d'une émission massive de neutrinos.

Antares était un détecteur de neutrinos construit au large de la Seyne-Sur-Mer dans le sud de la France. Il s'agissait d'un détecteur un peu atypique puisqu'il n'était non pas souterrain mais sous-marin, ses capteurs étant immergés par 2500m de fond.

- ça colle parfaitement avec la théorie de la supernova.

- Oui professeur, excepté le fait qu'il n'y en ait aucune trace…

- Je pense qu'il nous faut attendre les résultats de Chandra, nous n'avons pas encore pu obtenir de mesures dans la gamme des rayons X. Tous les équipements qui pourraient le permettre sont encore hors d'usage.

- Je suis d'accord avec vous professeur, je prépare le rapport pour le général.

Quelqu'un frappa à la porte, et entra. C'était Sophia, elle salua les deux scientifiques en souriant avant de prendre une mine plus sérieuse.

- Messieurs je vous annonce que le centre hospitalier d'Evans nous a confirmé le décès du Major Flinn en début d'après-midi. J'espère que vous aurez eu le temps de récolter les informations dont vous aviez besoin ?

- Oui merci Sophia, je ne pense pas qu'un autre témoignage aurait pu nous en apprendre plus. Cela dit, c'est bien triste.

- Bien-sûr, mais je pense que ça a dû être plutôt une délivrance pour lui. Le syndrome d'irradiation n'est pas ce qu'on pourrait appeler une partie de plaisir…

- Vous avez raison madame la directrice. Je vous propose d'honorer cet homme !

Répondit Dimitri.