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J’appartiens, de l’avis général, à cette sorte d’hommes raisonnablement faciles à vivre, peu prompts à la colère ou à la peur. Aussi, quand je suis venu habiter Caldwell Place, je n’ai pas prêté attention aux cris dans la nuit, qui auraient bien pu être ceux de renards ou de chats (quand bien même ils surgissaient de nulle part au milieu de ma chambre). Je ne me suis qu’à peine plaint des gémissements étouffés, qui auraient pu être la marque du plaisir d’un voisin (si la maison n’avait pas été isolée, sans un voisin à des lieues à la ronde).

Mais j’ai trouvé que cela commençait à faire beaucoup quand les murs commencèrent à saigner. Simon Feximal, chasseur de fantômes de son état, se tenait dans l’imposante entrée de Caldwell Place, la demeure ancestrale que j’avais héritée de mon oncle, en même temps qu’une fortune bien insuffisante pour restaurer cette propriété délabrée. Mr Feximal jaugeait la pièce où il se trouvait. Moi, c’était lui que j’observais.

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— Venez ici. Arrêtez-vous. Restez là.

Je m’arrêtai à un ou deux mètres du miroir, comme il me l’avait demandé, et le regardai avec inquiétude placer un candélabre à mes pieds avant de renverser le contenu de la bouteille pour décrire un cercle autour de moi. Des aiguilles de pin et de romarin dépassaient du sable blanc.

— Vous devriez être en sécurité désormais. Vous ne devez quitter le cercle sous aucun prétexte. Restez là et ne craignez rien, quoi qu’il arrive.

Il me gratifia d’un autre sourire fugace.

— Faites-moi confiance. Je vous protégerai.

Je hochai la tête pour lui signifier mon obéissance.

— Mais vous ?

— Je suis habitué à tout cela, dit Feximal en se débarrassant de son manteau.

Même dans ces circonstances peu propices, je ne pus m’empêcher de regarder. Il ne restait plus qu’une poignée de bougies allumées, à l’exception de celles qui se trouvaient dans le cercle, et elles s’éteignirent pendant que j’observais Simon Feximal se dévêtir. Il retira son gilet noir, jeta sa cravate, et déboutonna sa chemise blanche.

J’avalai ma salive.

— Que faites-vous ?

Il ne répondit pas. C’était inutile. Ce que je vis quand il laissa tomber sa chemise suffisait amplement.

Il était couvert d’écritures. Des mots griffonnés à l’encre noire et rouge s’étendaient de son poignet à son épaule, sur ses deux bras musclés et en travers de ses épaules puissantes et de sapoitrine. Ce n’était pas un langage que je reconnaissais ou que j’étais capable de lire, mais c’était très nettement de l’écriture… et cela continuait à s’écrire.

J’en restai bouche bée. Les lignes, arabesques sinueuses ou pics aigus, s’esquissaient toutes seules sur sa peau, en un entrelacs de messages silencieux.

— Qu’est-ce…

La voix me manqua.

— Les histoires s’écrivent d’elles-mêmes, dit-il sur le ton de l’évidence. Je leur sers de page.

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« — Je comprends parfaitement, le coupai-je à mon tour. C’est difficile pour toi de me voir en danger. Tu préférerais souffrir le martyre que me causer la moindre douleur. Tu préférerais mourir que de me voir prendre un risque.

— Bien sûr, oui. Mille fois. Tu le sais. Pourquoi n’as-tu pas su l’accepter ?

Je soupirai.

— Parce que, espèce d’ogre, je ressens la même chose pour toi. »

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« — Je ne pense pas que tu es faible, Robert. Je pense que tu es… lumineux. Lumineux et chaud. Et ça…

Il désigna son torse où les runes bougeaient lentement.

— Ça, c’est très froid et très sombre, et ça m’engloutit lentement depuis très longtemps. Je ne veux pas que ça te touche. J’ai besoin de toi tel que tu es. Pas pour te protéger toi, ou pas seulement, mais pour me protéger moi. Sans toi, je crois que je me serai déjà perdu. »

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« — Peut-être que si tu étais un racleur, tu aurais rencontré un Roi des rats à la place, dit Simon. Il faudrait un rongeur bien malavisé, pour ne pas te choisir.

Je me tournais vers lui, surpris. Il regardait le panorama qu’offrait la Tamise grise, mais il décrispa ses doigts pour poser une main légère sur la mienne.

— Simon ?

— Quand Robey parlait de son amoureuse, je n’arrivais à penser qu’à toi, si on t’enlevait à moi, ainsi.

Simon parlait à voix basse.

— Si je ne savais pas ce qui t’était arrivé. Si je te perdais.

Vu le nombre de fois où je l’avais vu risquer sa vie, cette déclaration me laissa un instant sans voix. Mais c’était Simon. À toujours s’inquiéter pour ma sécurité, mais à très rarement se demander ce que je pouvais ressentir, cette grande buse. Mais sa main posée sur la mienne était chaude, et il l’avait fait en public. L’émotion dans sa voix était réelle. »

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« 

— Mon Robert.

— Tout à toi, chuchotai-je.

Sa main se referma autour de mon phallus, avec son pouce sur le bout.

— Je ne vais pas te laisser tomber.

J’émis un petit bruit et il me sourit avec ce regard dans les yeux. Tellement de tendresse.

Tellement d’amour.

— À moi, dit-il doucement, et je jouis dans sa main avec un petit cri. »

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«— Viens travailler avec moi. Tu as un don pour ça. Tellement d’empathie, tellement d’instinct. Je ferai bon usage de toi.

— Usage ?

— Bon sang, murmura-t-il.

Je pouvais sentir ses lèvres bouger contre ma peau, sa tête était appuyée contre la mienne.

— J’ai besoin de toi. Je respire quand tu es là, Robert. J’ai besoin d’air, et j’ai besoin de toi, dans des quantités à peu près égales. Reviens. Reste.

D’air, avait-il dit, et j’arrivais à peine à respirer avec ces mots qui me coupaient le souffle. »

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« — Est-ce que vous avez appris des choses intéressantes ? m’enquis-je.

Feximal avala avec une certaine humeur.

— Mr. Caldwell, avez-vous l’intention de me pomper encore longtemps ?

Le double-sens – qu’il n’avait clairement pas souhaité – résonna dans l’air. Je vis ses joues se colorer de rose quand il s’en rendit compte, et la répartie était si évidente qu’il était presque inutile que je la dise. Je le dis quand même :

— Chacun son tour, Mr. Feximal. »

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« Je l’ai rencontré en 1894. Durant deux décennies, nous avons été des amants, les meilleurs des amis et les plus amers des ennemis. Plus que des collègues, nous avons été des complices. Nous avons partagé des secrets si noirs que les histoires que j’ai publié dans Les Affaires de Simon Feximal, que vous m’avez supplié d’amender pour épargner les lecteurs, me semblent en comparaison un divertissement bien léger. Durant deux décennies, nous avons été tout l’un pour l’autre, et pourtant, aux yeux du monde je ne suis rien de plus que l’ami et le chroniqueur du célèbre chasseur de fantômes, simple témoin de ses exploits. »

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Une voix de femme se fit entendre, impatiente. Je ne pus discerner les mots. Simon répondit, un peu plus doucement, si bien que la porte étouffa complètement sa réponse. J’entendis « borné » et rien de plus.

Une main se posa sur mon épaule.

Je n’avais absolument pas senti la personne arriver. Je me retournai dans un sursaut et me retrouvai face à face avec le Dr Berry.

Le célèbre exterminateur de fantômes était très proche de moi. Il ne dépassait pas de beaucoup ma taille, et il avait au moins cinquante ans. Ses verres épais agissaient comme des loupes sur ses yeux pâles et la peau cireuse de son crâne chauve manquait de tonus. Sa moustache blanche et sa barbe nettement taillée en pointe étaient jaunies par une vie passée à fumer, et, de sa peau et ses vêtements émanait une odeur rance de tabac.

— Qui êtes-vous ? demanda-t-il doucement.

Sa voix était sifflante, et son haleine imprégnée par l’odeur du tabac.

— Je faisais juste une pause, monsieur, répondis-je, comme n’importe quel serviteur aurait pu le faire.

Je ne pensais pas qu’il me croirait, et j’avais raison. Il écarquilla un peu les yeux, et ils parurent aussi ronds que les verres qui les abritaient.

— Qui êtes-vous ? répéta-t-il en se rapprochant, si bien que les traits de son visage définissaient tout mon horizon. Je reculai. Il avança, et je réalisai que j’étais appuyé au mur, qu’il était tout contre moi et…

Et j’avais peur. Tout d’un coup, j’étais en proie à une angoisse profonde, pas celle de me faire mettre à la porte, ou même des coups qui pourraient accompagner mon éviction, mais la peur de l’homme préhistorique qui entend du bruit dans une caverne plongée dans le noir. La peur de quelque chose que je ne pouvais appréhender, mais que je connaissais et craignais jusque dans mes os.

Le visage du Dr Berry était à quelques centimètres du mien. Ses yeux étaient immenses. Ses dents étaient marquées de lignes verticales brunes, tachées par des années de tabac. Les poils juste sous son nez étaient d’une teinte plus sombre également, qui s’estompait vers le jaune puis le blanc éclatant. Tous ces détails s’imprimèrent en moi avec une telle force que je pouvais à peine faire rentrer de l’air dans mes poumons. Ses pores dilatés. La mollesse dégoûtante d’un grain de beauté qui poussait sur le côté de son nez grêlé. Et ses yeux, traversés de veines rouges, qui me fixaient.

— Qui êtes-vous ?

— Caldwell, parvins-je à dire.

Ma langue semblait gonflée.

— Vous allez tout me dire.

Le Dr Berry leva la main. Ce n’était pas un homme corpulent, mais ses doigts étaient étonnamment potelés, et blêmes. Ils n’avaient pas l’air des doigts boursouflés d’un noyé. J’essayais de me persuader qu’ils n’en avaient pas l’air. Je ne voulais pas qu’il me touche avec ces doigts mous.

— Je vous en prie, murmurai-je.

Les lèvres du Dr Berry – un peu gercées, un peu sèches, jaunies par le tabac dans les sillons où la peau était trop tirée – se relevèrent en entendant ma supplique. Plus rien n’existait que ces yeux derrière ces horribles verres. Ses mains de cadavre se refermèrent sur ma mâchoire.

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