Extraits

Layne avait été un choix de cœur, l'homme le plus remarquable dans l'assemblée, le seul à briller dans la masse de corps échauffés et d'esprits avides. C'était cette énergie qu'il avait perçue alors, celle qui criait métamorphe, puissance, possibilités.

Un être brut, amputé.

Comme lui, bien que ses propres cicatrices soient invisibles pour les yeux.

— Je n’ai pas fini. On va rejoindre les deux autres, monter dans la voiture, je vais en profiter pour contacter Arthur et lui donner rendez-vous pour toi. Quand tu l’auras vu, tu pourras prendre ta décision à tête reposée. D’accord ?

Cole faillit l’informer que son âme sœur ne voulait plus de lui, et se rendit compte à temps que son compagnon avait raison.

Alors, il se contenta d’acquiescer.

— Merci.

Layne arqua un sourcil, une lueur plus incisive dans le regard.

— Ne me remercie pas, je suis tellement bon au lit qu’Arthur aura l’air bien fade en comparaison.

Elle n’avait pas voulu se montrer ; il ne lui avait pas demandé son nom.

Cette louve puissante et courageuse n’était pas à lui.

Plus emmerdé qu’inquiet, Layne sortit son téléphone de sa poche et envoya un court texto à Cole :

"Tu me recolleras si je finis en kit ?"

"Qu’est-ce qui se passe ?"

Il prit une photo panoramique de l’aile de sa pauvre bagnole et la lui envoya, accompagnée du commentaire : "un ex-client vient de sortir de taule". La réponse de Cole lui arracha un sourire et il secoua la tête pour chasser les images que cette foutue histoire de colle blanche avait fait fleurir dans son esprit.

"Prévois la dose, ça peut aussi mal se passer avec Kayan."

"Tu es vraiment trop populaire, mon cœur."

Le nez fourré contre le flanc de son compagnon, Cole savait qu’il était l’heure de se lever. Hélas, il y avait un fossé, non, un gouffre entre cette certitude et son exécution. Un gouffre nommé chaleur, appartenance, flemme. Surtout flemme.

Les vents soufflaient en sens contraires dans les épais nuages au-dessus de New York, ballet aérien hypnotique d’une beauté saisissante. Létale. Il suffirait qu’une seule de ces lames élémentaires s’abatte sur la ville pour annihiler un quartier entier. Les mortels appelaient ce phénomène météorologique « le chant du dragon », illustrant de manière poétique la mélopée sinueuse créée par les courants.