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Extrait ajouté par Underworld 2019-12-29T08:51:22+01:00

** Extrait offert par Tara Pammi **

2.

Tina s’était agenouillée près de Nikolai lorsqu’elle sentit un regard d’acier se poser sur elle.

— Qu’est-ce que tu fabriques ?

En neuf mois, c’était la première fois qu’il s’adressait à elle.

— Je m’assure qu’il n’est pas évanoui.

— Pourquoi ?

— Parce que c’est mon ami et que je me soucie de ce qui peut lui arriver.

Tina regarda le beau visage de Nikolai et soupira. Oui, c’était son ami. Il lui avait trouvé un emploi de débutante dans une agence de mode lorsqu’elle avait quitté Paris pour revenir à Milan, ainsi qu’un appartement qu’elle partageait avec quatre autres filles.

Le rire railleur de Kairos l’atteignit en plein cœur.

— Tu n’as pas d’amis. En tout cas, pas de vrais amis. Des femmes superficielles te demandent ton avis sur leurs vêtements et leurs chaussures, et les hommes ne pensent qu’à…

Il laissa sa phrase en suspens et, sans lui laisser le temps de répliquer, s’approcha du sofa et hissa le jeune homme sur ses épaules.

— Et, maintenant que ce pauvre diable a rempli sa mission, je le jette par-dessus bord ? demanda-t-il en lui lançant un regard plein de suffisance.

— Sa mission ?

— Tu l’as utilisé pour me rendre jaloux. Ton petit numéro est terminé, tu n’as donc plus besoin de lui.

— Je te l’ai dit, Nik est mon ami, répondit-elle en levant les yeux vers Kairos. Et je n’ai rien fait pour te rendre jaloux, ce soir. Mon univers ne tourne pas autour de toi, Kairos. Plus maintenant.

Avec un haussement d’épaules, il laissa tomber Nikolai sur le divan comme un sac de pommes de terre.

— Ça suffit, Valentina. Tu as réussi à attirer mon attention, alors dis-moi, tu faisais vraiment partie des escorts ?

— Va-t’en ! ordonna-t-elle.

Il ne bougea pas d’un pouce.

— Tu ne restes pas ici avec lui, intima-t-il.

— Je fais ce que je veux depuis le jour où je t’ai quitté il y a neuf mois. C’est un peu tard pour jouer les maris possessifs.

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Extrait ajouté par Underworld 2019-12-29T08:50:48+01:00

1.

Kairos Constantinou n’en croyait pas ses yeux.

Elle était habillée comme une… prostituée.

Non, prostituée n’était pas exactement le mot qui convenait. Aucune prostituée ne possédait la classe, le style et la grâce innée de sa femme.

Escort-girl de luxe serait plus approprié.

Il connaissait la nature impulsive et fougueuse de sa femme et savait qu’elle était prête à tout pour se faire remarquer, mais là elle avait dépassé les bornes.

Il lui fallut quelques secondes pour se ressaisir. Quand le détective privé qu’il avait engagé l’avait informé que Valentina se trouvait à bord de son propre yacht pour la fête qu’il organisait ce soir-là, il n’avait pas été étonné. Gaie et sensuelle, elle était sans conteste la reine des nuits milanaises, ne manquant pas une soirée, comme un joli papillon qui volette de fleur en fleur.

Dès l’instant où Leandro, le frère de Valentina, la lui avait montrée, entourée d’un troupeau d’admirateurs, Kairos avait jeté son dévolu sur elle, et trois minutes après que Leandro eut fait les présentations, il avait su qu’elle serait sa femme.

Leandro n’aurait pu trouver meilleur argument pour convaincre Kairos de conclure une alliance que de lui offrir la main de sa sœur. En épousant Valentina, Kairos entrait dans le cercle fermé de l’aristocratie à laquelle appartenait la famille de cette dernière, la dynastie des Conti. Elle, de son côté, se voyait dotée d’un riche mari.

À aucun moment Kairos ne s’était demandé pourquoi Leandro avait eu besoin d’un tel arrangement. Il n’avait pensé qu’à Valentina Conti.

Sauf que, une semaine après son mariage, il avait pris conscience que son épouse était tout sauf un trophée. La façon dont elle l’avait quitté, neuf mois auparavant, sans crier gare, en était le meilleur exemple.

Et le comble, à présent, c’était de la trouver ici, mêlée à la foule de ses invités…

Avec la perspicacité qu’il avait acquise dans les rues d’Athènes, il eut tôt fait d’identifier trois investisseurs russes aux méthodes frisant l’illégalité – les hommes que son ami Max avait prévu d’inviter à dîner –, un autre type, mannequin et ami de Valentina, ainsi que cinq femmes pour les divertir, en plus de sa propre épouse. De toute évidence, des hôtesses d’un service d’escort-girls.

Et celle qui portait la tenue la plus provocante, c’était Valentina. Elle était vêtue d’une robe moulante dorée qui découvrait ses épaules et ses bras fermes, et dont le décolleté plongeant dévoilait ses petits seins. Des seins qu’il avait si souvent caressés…

Il serra les dents en voyant trois hommes la lorgner avec une concupiscence non dissimulée, mais ce qui le hérissa plus que tout, ce furent les sourires charmeurs qu’elle adressait à ses admirateurs, ce geste gracieux des bras accompagnant le récit d’une de ses frasques, avec son accent caractéristique quand elle parlait anglais, sa façon de poser la main sur l’épaule de Max et de le remercier lorsqu’il remplit son verre…

Kairos se ressaisit bien vite. Même s’il la désirait encore, ce n’était pas pour cela qu’il cherchait à la rencontrer. Dans l’immédiat, il avait besoin qu’elle revienne tenir auprès de lui son rôle d’épouse. Pendant quelques mois. Durant ce laps de temps, il s’arrangerait pour en finir avec l’attirance qu’elle exerçait sur lui.

* * *

Si Valentina Conti Constantinou s’était imaginé que son époux, Kairos, était monté à bord du yacht dans le but de la reconquérir, il ne lui fallut que quelques minutes pour déchanter.

Et elle se serait bien passée de cette nouvelle contrariété.

Se rendre compte en effet non seulement que Nikolai, son ami photographe qui l’avait persuadée de venir à la soirée, l’avait manipulée, mais qu’en plus elle s’était retrouvée au milieu d’escort-girls et d’hommes qu’elles étaient censées divertir avait déjà été suffisamment déstabilisant…

Mais elle n’avait rien laissé paraître et avait entrepris de faire du charme aux Russes. Ravalant sa fierté, elle avait pris son mal en patience.

Jusqu’à l’arrivée de Kairos.

Se forcer à garder son calme, à rire à gorge déployée. À faire des mondanités, comme elle l’avait fait toute sa vie. Donner le change en sirotant son gin-tonic, hochant la tête aux propos que Nikolai murmurait à son oreille, sans se départir de son sourire de circonstance.

Et rester de marbre en voyant une femme faire les yeux doux à Kairos.

Elle avait envie de leur crier, à toutes, qu’il était à elle.

Mais il ne lui avait jamais appartenu.

Crispée autour de son verre, sa main trembla, et les glaçons s’entrechoquèrent.

Les hommes se bousculaient autour de Max pour être présentés à Kairos, et les femmes se pressaient dans son sillage, comme fascinées par la virilité puissante qu’il dégageait. Une virilité qui la frappa de plein fouet, mettant ses sens en émoi…

Tout en lui respirait la masculinité triomphante, de ses larges épaules à son torse musclé, en passant par sa taille mince, ses hanches étroites et ses cuisses fermes qui l’avaient jadis rendue folle.

Il était superbe dans sa chemise blanche et avec ses cheveux drus coupés court, comme elle les aimait. Rien que de penser à la sensation qu’elle éprouvait quand elle les touchait, elle sentit ses doigts picoter et elle serra les poings.

Elle vit le regard possessif de Kairos se poser sur ses mains, puis remonter le long de son corps, lentement.

Ses yeux s’attardèrent sur la longue ligne de ses jambes, sur ses cuisses que la minirobe dévoilait presque en totalité, puis remontèrent pour se fixer sur son visage. C’était comme s’il avait fait courir les mains sur son corps avec cette insistance brusque qu’il avait toujours maîtrisée à merveille avant que la jouissance lui fasse perdre tout contrôle. Et ce seul regard avait suffi à la plonger dans un état de désir insensé, d’impatience fébrile…

Tremblant intérieurement, oubliant toutes les souffrances qu’il lui avait fait endurer, elle releva le menton dans un geste de défi. Il n’avait jamais aimé ses tenues provocantes. Sa familiarité avec les autres hommes, l’intonation charmeuse de sa voix. Ils avaient eu plus d’une altercation au sujet de ses robes, de sa coiffure, de ses chaussures, de son style, de son attitude, et même de son corps.

Soudain, elle vit une des blondes, qu’elle savait faire partie de son cercle d’amis, Stella, lui taper sur le bras. Détournant ostensiblement les yeux, il se tourna vers elle avec un grand sourire.

Tina se composa aussitôt un visage impassible pour cacher son humiliation. Neuf mois plus tôt, elle aurait carrément giflé la femme et se serait donnée en spectacle, laissant libre cours à sa colère. Neuf mois plus tôt, elle aurait montré à tous, et à Kairos, à quel point elle était folle de lui.

Neuf mois plus tôt, elle aurait laissé ses émotions lui dicter la moindre de ses paroles, le moindre de ses gestes.

Neuf mois plus tôt, elle était dans l’illusion que Kairos l’avait épousée parce qu’il l’aimait, même si, n’étant pas du genre sentimental, il ne lui avait jamais fait de déclarations enflammées.

Grossière erreur… Ce mariage était uniquement destiné à favoriser son association avec son frère Leandro. Pourtant, même après avoir appris l’amère vérité, elle était disposée à donner une chance à cette union.

Mais Kairos n’avait pas de cœur.

Elle n’avait pas hésité à se rabaisser, à déposer ses pensées, ses sentiments, à ses pieds. Mais cela n’avait pas été suffisant. Rien n’avait trouvé grâce à ses yeux.

Elle n’avait pas trouvé grâce à ses yeux.

* * *

— Alors comme ça, c’est vraiment terminé avec lui… Avec ton grincheux de mari, fit Nikolai.

Il l’avait suivie au sous-sol où elle s’était réfugiée, tandis que la fête tirait à sa fin, pour fuir la présence perturbante de Kairos.

— Oui, répondit machinalement Tina, qui regretta aussitôt sa réponse.

Même si elle savait qu’elle n’avait rien à craindre de Nikolai, il était ivre, et son frère Luca lui avait appris jadis à ne jamais faire confiance à un homme pris de boisson.

— Appelle un taxi, dit-elle en lui tendant son téléphone portable.

— On pourrait peut-être passer la nuit ici ? rétorqua-t-il en s’approchant d’elle. Maintenant que tout est vraiment fini entre toi et ce voyou de Grec…

Elle ne lui laissa pas le temps de terminer sa phrase et le repoussa.

Il tituba, alla s’affaler sur un sofa, où il s’endormit presque aussitôt.

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