Extrait

"Tu es de retour ?

- Oui, c'est moi.

- Tu as lu le discours ?

- Himangshu Babu avait tant de choses à dire quand il t'a présenté au public... Le discours... Oui, je l'ai lu...

- Comment les gens ont réagi ?

- Ils ont applaudi à tout rompre. À en avoir les oreilles cassées...

- Vraiment ?

- Je t'assure.

- Tu pleures ?

- On s'en souviendra, de ce jour... merveilleux... Ce sont des larmes de joie. Attends un peu, là, touche, prends tout ça dans tes mains. Tout ce qu'ils t'ont donné, un plat en inox, un certificat d'honneur, une énorme boîte de sucreries, des sandesh, cent une roupies, un bouquet de fleurs, tout cela a coûté beaucoup d'argent...

- Qu'est-ce qu'il y a d'écrit sur le certificat ?

- Je vais te le lire."

Tandis qu'elle lisait à haute voix, qu'elle prononçait tous ces mots de félicitation, de violentes émotions s'entrechoquaient en elle.

La tête inclinée sur les fleurs, Suprabhat écoutait, souriant, un air de triomphe sur son visage extasié.

"Tu vois, finalement ils l'ont mis par écrit, c'est un honneur pour nous de vous honorer. Et tous ces adjectifs qui ornent le texte, comme c'est beau, tu ne trouves pas ?!"

Le visage ruisselant de larmes, elle poursuivit sa lecture. Lentement, en s'arrêtant souvent, sinon il n'aurait pas compris comme il faut.

Suprabhat ne voyait pas les larmes de sa femme bien sûr. Il était dans un état d'euphorie confinant à la béatitude. "Quelle journée ! dit-il. Si j'avais été là personnellement, on m'aurait sans doute réclamé des autographes, comment aurais-je fait ?"

Pour la première fois de sa vie, la cécité de son mari lui apparut comme une bénédiction. S'il n'avait pas été aveugle, il se serait rendu lui-même à la cérémonie et il aurait vécu tout ça.