Extraits

J’avais peur que Caleb voie la vie comme moi. J’avais peur qu’il pense que c’était normal de vivre de même, pis je ne voyais pas de façon de lui apprendre à vivre autrement parce que je n’en connaissais pas d’autres. Les enfants le voient, le fake, Rémy. Ils le sentent. Pis moi, j’avais le goût de le tenir loin de mon malheur. J’avais le goût de lui donner le meilleur pis le meilleur c’était pas moi. Ça ne pouvait pas être moi.

Quand t’es parti, je ne t’ai pas pris la main. Je ne t’ai pas dit que j’allais t’aimer pour le reste de mes jours pis que t’allais toujours être l’homme de ma vie. T’es mort pendant que j’étais dans les vapes, quelque part entre la réalité qui allait me faire trop mal pis le pire de mes cauchemars.

Le bout de moi qui est mort en même temps que toi est tellement long que je n’en ai pas encore vu la fin. Je pense qu’il n’y en a pas parce que s’il y en avait une, j’aurais peur d’arrêter de t’aimer.

Ça fait deux ans que t’es parti, Rémy. Deux ans que je te cherche partout même quand je ne te cherche plus. Deux ans que j’ai l’impression de marcher à côté de la track de ma vie quelque part entre l’accotement pis le début d’une forêt pas de boutte avec l’envie de faire du pouce pour rentrer chez nous pis celle de me tirer en dessous d’un char dépendant des jours, des minutes pis même des secondes.