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Prestimion s’éloigna et se mit à marcher entre les rangées de colis empilés, s’arrêtant de loin en loin pour regarder à l’intérieur de ceux qui étaient ouverts. Un globe de feu. Une écharpe multicolore dont les teintes changeaient constamment. Une fleur façonnée dans un bronze précieux, des profondeurs duquel montait le long des pétales un chant grave d’une grande beauté. Un oiseau sculpté dans une pierre vermillon, qui remuait la tête de côté et d’autre en poussant des cris indignés. Un chaudron de jade rouge aux bords festonnés, chaud et doux comme du satin au toucher
Afficher en entierQuelles sont ces absurdités mystiques, Prestimion ? Comment peux-tu parler sérieusement de malédiction et accepter d’assumer la plus petite parcelle de responsabilité pour cette guerre ? Le Prestimion que je connaissais naguère était un homme rationnel. Jamais il n’aurait proféré de telles inepties, même en manière de plaisanterie. Jamais elles ne lui seraient venues à l’esprit… Écoute-moi : cette guerre est l’œuvre de Korsibar. De Korsibar. Il en est seul coupable, lui et personne d’autre. Le passé est le passé, tu es le nouveau monarque de Majipoor et la paix règne enfin sur la planète
Afficher en entierQui sait ce qui est nécessaire et ce qui ne l’est pas, Prestimion ? Les choses se sont passées ainsi, c’est tout. Le Divin a voulu qu’il en aille de cette manière et nous avons fait de notre mieux, Gialaurys, Svor, toi et moi pour rétablir l’unité de la planète. La guerre est oubliée ; nous avons fait ce qu’il fallait pour cela. Nous sommes les seuls à savoir qu’elle a eu lieu. Pourquoi choisir ce jour pour déterrer tout cela
Afficher en entierMais nous trois, nous nous en souvenons. La guerre restera à jamais gravée dans notre esprit. Ce gâchis. Cette inutilité. Ces destructions. Ces morts. Tant de morts. Svor, Kanteverel, mon frère Taradath, le comte Kamba de Mazadone, mon maître dans l’art du tir à l’arc, Iram, Mandrykarn, Sibellor. Et des centaines, des milliers d’autres. Prestimion ferma les yeux un instant et détourna la tête. — Je les déplore toutes, reprit-il, toutes ces morts. Même celle de Korsibar, ce pauvre fou tombé dans l’erreur. — Il y a un nom que tu as passé sous silence, fit Septach Melayn. Et pas le moins important
Afficher en entierAlors, laisse-la passer, Prestimion. Laisse-la passer ! C’est un jour de réjouissances ! Il y a deux heures à peine, au pied du trône de Confalume, tu ceignais la couronne à la constellation et maintenant… maintenant… si tu voyais ton visage, cette tristesse qui l’assombrit, ce regard morne et tragique… Prestimion lui adressa un sourire exagérément comique, en découvrant toutes ses dents et en écarquillant les yeux. — Alors ? C’est mieux
Afficher en entierL’escrimeur avança d’un ou deux pas, dominant Prestimion de sa haute taille. Le Coronal était un homme trapu, large de carrure mais court de stature, au contraire de Septach Melayn, si mince, aux membres si allongés qu’il en paraissait presque fluet. Mais il n’en était rien. — Tu n’es pas obligé de tous me les montrer, fit-il doucement
Afficher en entierCe serait fort regrettable, répliqua Prestimion en caressant distraitement l’épaisse et soyeuse fourrure. C’est si doux au toucher… Et là, poursuivit-il en posant la main sur un paquet carré, fermé par des liens ouvragés, nous avons une offrande venue du Sud, des bandes de l’écorce odoriférante du quinoncha, un arbre très rare. Cette magnifique coupe est façonnée dans le jade de Vyrongimond, une roche si dure qu’il faut la moitié d’une vie pour polir un objet de la taille d’un poing d’homme. Quant à cela
Afficher en entierNe m’appelle pas « monseigneur », Septach Melayn, fit-il sur un ton totalement différent, teinté d’irrévérence. Pas en privé, en tout cas. Cela fait guindé et contraint. Et obséquieux. — Mais tu es le Coronal. Je me suis battu de toutes mes forces pour que tu le deviennes ; mes cicatrices en témoignent. — Pour toi, je suis encore Prestimion. — D’accord, Prestimion. Très bien, Prestimion. Comme monseigneur Prestimion le voudra
Afficher en entierIl perçut brusquement un étrange élancement derrière son front. Il sentait quelque chose poindre en lui, quelque chose de sombre, une flambée de fureur et d’hostilité dont il n’avait jamais soupçonné l’existence. Soudain, à son profond étonnement, il donna libre cours à un impétueux torrent d’amertume d’une singulière violence
Afficher en entierL’homme aux jambes interminables, d’une élégance raffinée, était Septach Melayn, le petit-cousin du duc de Tidias, un bretteur hors pair et l’ami de toujours de Prestimion. Il portait encore sa tenue de cérémonie, une tunique safran ornée de fleurs et de feuilles en broderies dorées et des guêtres serrées par des lacets dorés. La chevelure de Septach Melayn, dorée elle aussi, tombant sur ses épaules en longues boucles soigneusement roulées en spirales, était ornée de trois barrettes d’émeraudes étincelantes. Sa barbiche en pointe, d’un blond roux, était fraîchement taillée
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