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Un couronnement n'est jamais qu'un couronnement. Ça peut paraître cynique, et ça l'est probablement, surtout quand le héros du jour est votre meilleur ami et sa reine notre amante involontaire. Mais il y a toujours un cortège, avec des flots de musique solennelle, des vêtements aussi inconfortables que chatoyants, de l'encens, des discours, des prières et des volées de cloches. On s'y ennuie, on y souffre généralement de la chaleur et on doit néanmoins s'efforcer de faire bonne figure, comme lors des mariages, des distributions de prix et des initiations secrètes.
Afficher en entierJ’avais l’impression qu’il ne s’était écoulé que quelques instants, quand, sur ma gauche, un rocher miroita et fit entendre un son de cloche. Inconsciemment, mon attention se concentra sur ma bague, que Suhuy avait appelée un aiguillier. Je m’aperçus que je m’apprêtais à y recourir pour me défendre. Intéressant de voir combien j’étais maintenant familiarisé avec elle, combien je semblais m’y être rapidement adapté. J’étais debout, face au rocher, la main gauche tendue dans sa direction, quand Suhuy passa à travers le miroitement, précédant une silhouette plus haute et plus sombre. Un moment plus tard, cette silhouette prit de la substance, devint un singe octopode avant de se transformer en mon frère Mandor, sous son apparence humaine, vêtu de noir comme la dernière fois que je l’avais vu, mais avec des vêtements frais et d’une coupe légèrement différente. Ses cheveux blancs étaient aussi moins ébouriffés. Il jeta un rapide coup d’œil à la ronde et sourit.
Afficher en entier« Choisir entre le Logrus et moi n'est pas une simple question de politique... de choisir tel ou tel dans un but particulier. Mon adversaire et moi représentons deux principes fondamentaux sur lesquels repose l'organisation de l'univers. Tu peux nous affubler de noms et de qualificatifs issus de toutes les langues et de dizaines de disciplines, mais nous représentons, fondamentalement, l'Ordre et le Chaos... l'Apollinien et le Dionysiaque, si tu veux ; la raison et l'instinct, si tu préfères ; la tempérance et la folie ; la lumière et l'obscurité. Contrairement à ce que tout cela pourrait laisser penser, cependant, aucun de nous ne cherche la disparition de l'autre. Zéro absolu ou fournaise ardente, classicisme ou anarchie, chacun de nous suit sa propre voie et, sans l'autre, celle-ci conduirait à une impasse. Nous le savons tous les deux et le jeu auquel nous jouons depuis les origines est bien plus subtil... et, en fin de compte, ne peut sans doute être jugé que d'un point de vue esthétique.
[...]
Restez avec moi et je vous promets l'Âge d'Or dont je parlais et où vous aurez votre place. Partez, et l'autre s'emparera de vous. Ténèbres et désordre s'ensuivront. Que choisissez-vous ? »
Afficher en entierUn couronnement n'est jamais qu'un couronnement. Ça peut paraître cynique, et ça l'est probablement, surtout quand le héros du jour est votre meilleur ami et sa reine notre amante involontaire. Mais il y a toujours un cortège, avec des flots de musique solennelle, des vêtements aussi inconfortables que chatoyants, de l'encens, des discours, des prières et des volées de cloches. On s'y ennuie, on y souffre généralement de la chaleur et on doit néanmoins s'efforcer de faire bonne figure, comme lors des mariages, des distributions de prix et des initiations secrètes.
Afficher en entier" On dirait que le faire évader va être délicat, dit Luke. Et tu penses que ta mère est derrière tout ça ?
- Ouais.
- Je croyais être le seul à avoir ce genre de problème avec sa mère. Mais ça se tient, puisque c'est la tienne qui a tout appris à la mienne.
- Comment se fait-il que nous soyons restés si normaux ? "
Il se contenta de me dévisager pendant quelques secondes. Puis il éclata de rire.
" Enfin, je [i]me sens[/i] normal, dis-je?
- Bien sûr, et c'est ce qui compte, répondit-il vivement? Dis-moi, si ça en venait à un duel de sorciers, penses-tu pouvoir battre Dara ?
- Difficile à dire. Je suis plus fort que jamais, grâce à l'aiguillier, mais je commence à me dire qu'elle est très forte.
- L'aiguillier ? Qu'est-ce que c'est que ce truc-là ? "
Je lui racontai donc aussi cette histoire-là.
Afficher en entierLuke m'adressa un large sourire, regarda Jurt de travers.
" Où étais-tu passé ? demanda-t-il.
- Dans les Cours du Chaos. On m'y a appelé pour la mort de Swayvill. Les funérailles ont lieu en ce moment. Nous nous sommes éclipsés quand j'ai appris que Corail était en danger.
- Je sais... dit Luke. Elle a disparu. Enlevée, je pense.
- Quand ce la s'est-il passé ?
- Avant-hier soir. Que sais-tu à ce sujet ? "
Je lançai un coup d'œil à Jurt. " Le décalage temporel dit-il.
- Elle représente l'occasion de marquer quelques points dans la partie en cours entre la Marelle et le Logrus, expliquai-je. Des agents du Chaos ont donc été envoyés pour l'enlever. Ils la veulent intacte, malgré tout. Elle ne risque rien.
- Pourquoi ont-ils besoin d'elle ?
- Ils ont l'air de trouver qu'elle ferait une reine idéale, avec la Pierre du Jugement intégrée à son anatomie...
- Qui sera le nouveau roi ? "
Je me sentis soudain le visage en feu.
" Eh bien, les gens qui l'ont enlevée m'ont en tête pour le boulot.
- Toutes mes félicitations. Je ne serai plus le seul à m'amuser comme un petit fou.
- Que veux-tu dire ?
- Le boulot de roi ne vaut pas un clou, mon vieux. Je voudrais ne jamais m'être laissé entraîner là-dedans. On n'a pas une minute à soi, et quand par miracle on en a une, quelqu'un doit toujours savoir où l'on est.
- Bon sang, tu viens tout juste d'être couronné. Attends que les choses se tassent un peu.
- Tout juste ? Ça fait plus d'un mois !
- Le décalage temporel, répéta Jurt.
- Venez. Je vous offre une tasse de café, dit Luke.
- Tu as du café, ici ?
- J'en ai besoin, mon vieux. Par ici. " Il nous précéda hors de la pièce, tourna à gauche, descendit un escalier.
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Alors que je projetai deux des énergies les plus mortelles de l'aiguillier, l'image du Logrus les intercepta et les neutralisa.
" Je ne l'ai pas sauvé pour que tu le détruises si facilement", dis-je, et au même instant une image qui évoquait la Marelle, sans être tout à fait elle, se matérialisa.
Le signe du Logrus glissa sur ma gauche. Me nouvel arrivant - quoi qu'il fût - le suivit et tous deux passèrent silencieusement à travers le mur. Presque aussitôt retentit un coup de tonnerre qui ébranla le bâtiment. Même Borel, qui s'apprêtait à tirer son épée, interrompit son geste, puis tendit la main pour s'accrocher à l'encadrement de la porte. À ce moment-là, une autre silhouette apparut derrière lui et une voix familière l'interpella : " Veuillez m'excuser. Vous me bouchez le chemin.
- Corwin ! m'écriai-je. Père ! "
Borel tourna la tête.
" Corwin, prince d'Ambre ? demanda-t-il.
- Effectivement. Mais je ne crois pas avoir l'honneur de vous connaître.
- Je suis Borel, Duc d'Hendrake, Maître d'Armes des Passes d'Hendrake.
- Vous ne lésinez pas sur les majuscules, messire, mais je suis enchanté de faire votre connaissance, dit Corwin. Maintenant, si ça ne vous dérange pas, j'aimerais entrer dire bonjour à mon fils. "
La main de Borel se porté sur la poignée de son épée tandis qu'il se retournait. Je me précipitais déjà, de même que Luke. Mais il y eut alors un mouvement derrière Borel - un coup de pied au creux du jarret, semblait-il - qui le fit se plier en deux. Puis un poing s'abattit sur sa nuque et il tomba.
" Venez, dit Corwin en nous faisant signe. Je crois que nous ferions bien de nous tirer d'ici. "
Nous sortîmes, enjambant le Maître d'Armes des Passes d'Hendrake étendu à terre. Sur notre gauche, le sol était noirci, comme après un incendie de forêt, et une légère pluie commençait à tomber. Nous vîmes au loin des silhouettes qui se dirigeaient vers nous.
" Je ne sais pas si la force qui m'a amené peut me ramener, dit Corwin en jetant un coup d'œil à la ronde. Elle pourrait être occupée ailleurs. " Quelques instants s'écoulèrent, puis il reprit : " C'est sans doute le cas. Bon, à toi de jouer. Comment fuyons-nous ?
- Comme ça..." Je tournai les talons et partis en courant.
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