Ajouter un extrait
Liste des extraits
J'ai toujours su que quelque chose ne fonctionnait pas bien dans ma tête. A six ou sept ans, tous les soirs avant de m'endormir, je demandais à ma mère de cacher un bibelot que nous avions à la maison, un horrible petit chaudron en cuivre, le genre d'objet typique des boutiques de souvenirs bon marché ou peut-être même le cadeau d'un restaurant. Et si je lui demandais ça, ce n'était pas parce que sa laideur m'incommodait, ce qui aurait été un peu étrange mais d'une certaine façon distingué, mais parce que j'avais lu quelque part que le cuivre était vénéneux et que j'avais peur de me lever somnambule au milieu de la nuit pour me mettre à donner des coups de langue au chaudron. (...)
Afficher en entierDans l'Espagne d'alors, et dans ma modeste classe sociale, ni mes parents ni moi-même n'avons envisagé de consulter un.pdychiatre. J'ai surmonté mes trois périodes de crises de panique toute seule, sans prendre un seul anxiolytique, et je le regrette (vive la chimie !). En revanche, à la suite de mes premières terreurs, j'ai décidé d'étudier la psychologie à l'université pour tenter de comprendre ce qui m'arrivait. Avec le temps, j'en suis venue à la conclusion que c'est ce que font la plupart des psychologues et une bonne partie des psychiatres : choisir cette profession parce qu'ils se croient cinglés. Ce qui n'est pas forcément négatif, car ça procure une empathie unique avec les patients.
Afficher en entierMon père, qui était un homme courageux, m'a dit deux ou trois fois : "Ce qui me fait le plus peur, c'est la folie." Nous n'en avons jamais parlé ; je ne lui ai pas raconte pour mes paniques, et je le regrette à présent. S'il en avait tellement peur, on peut supposer qu'une forme de crise rôdait aussi autour de lui. Encore que peut-être pas, car ce que nous appelons la folie est une chose qui, en réalité, provoque une peur généralisée. La folie suscite une telle peur, et tellement irrationnelle, que les personnes qui souffrent d'un trouble mental sont stigmatisées et isolées socialement, ce qui empire considérablement leur maladie.
Afficher en entier