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- Alors, Antonin, t’as de p’tits yeux, pas faciles à garder les biches d’Andaines hein ?
La patronne du Celtic cueillait le jeune garde forestier au réveil, accoudé au bar, il misait sur son petit noir pour se lancer dans le trafic d’une morne journée d’Août promise à la bruine normande.
Antonin était plutôt beau garçon, un peu réservé, mais sujet à des accès de jovialité qui pouvaient illuminer soudain son teint clair et ses yeux noisette, avec la puissance inattendue d’une belle éclaircie d’Avril.
Cette alternance de sérieux et de bonne humeur interloquait toujours un peu Jeanne que son honorable expérience des hommes avait campée sur un classement binaire des plus manichéens :
Primo, les joyeux marchands de rêves irresponsables qui n‘ont que la fin de triste, dramatiquement triste, deuxio, les réalistes, certes fiables mais si invariablement taciturnes, à l’instar d’Alain, son comptable de mari.
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