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C'était un immense disque percé au centre, un Bi de jade noir constellé de minuscules particules argentées et dorées disposées comme autant d'étoiles parsemant un ciel de pleine lune dépourvu de nuages.

En fixant son regard sur la surface de l'objet, le marchand eut l'impression qu'il tenait dans sa main tout le firmament qui surplombait la terre lorsqu'il faisait nuit. Il se pinça pour être sûr qu'il ne rêvait pas. Non, les étoiles surgies des profondeurs de la pierre étaient bien là, minuscules et brillantes comme des astres.

(Définition d'un bi :

Le bi chinois est considéré par certain auteur comme le plus ancien instrument d'astronomie chinois. Son usage était essentiellement ésotérique, en rapport avec les connaissances astronomique de l'époque. Son usage était sacré. Il s'agissait d'un disque en jade de 15 cm de diamètre, percé en son centre d'un large orifice. Il permettait de viser « le pivot du ciel » considéré comme étant, à l'époque, le pôle du ciel, résidence du dieu Shang Di dont l'empereur était son représentant.)

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A la vue de Hanfeizi, Lisi réprima un moue de déplaisir. Ses relations avec son ancien professeur s'étaient encore détériorées. Les deux hommes s'adressaient à peine la parole. Il ses saluèrent du bout des lèvres, sous le regard quelque peu gourmand de Lubruwei que cette rivalité exacerbée amusait.

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Comme une monnaie rougeoyante que l'on eût fait glisser dans la fente d'une tirelire, le soleil n'allait pas tarder à se coucher derrière la crête de la montagne.

Lubuwei, penché sur la balustrade de marbre du petit édicule ouest du Pavillon de la Forêt des Arbousiers, comme aimait le faire à la même heure de la journée le vieux roi Zhong à la fin de sa vie, assistait au spectacle étonnant des grosses carpes qui se disputaient avec vivacité les derniers reliefs du repas que les serviteurs venaient de leur jeter. Il profitait de la douceur des lieux lorsque l'astre couchant les éclairait de ses rayons rasants.

Les poissons géants aux écailles dorées par les rayons du crépuscule avaient commencé leur sarabande aquatique qui finirait invariablement aérienne. Bientôt viendrait le bref moment pendant lequel les carpes effectueraient leurs cabrioles hors de l'eau.

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Lorsqu'il se retrouva sur le chemin qui menait chez lui, Lubuwei, sonné au plus profond de son être, marchait comme un somnambule.

Devant lui avançait Intention Louable, qui portait le bébé dans un panier et ne se doutait de rien.

Le marchand avait l'impression de traverser un épais rideau de fumée noire. Sa tête lui semblait désespérément vide, plus rien n'avait le même goût. Passant sans s'arrêter devant les enclos des chevaux Akkal où les pouliches devaient mettre bas d'un jour à l'autre, il salua mécaniquement le pauvre Mafu qui se demanda ce qui pouvait arriver à son maître qu'il n'avait jamais vu dans un état pareil.

Lubuwei comprenait que son fils risquait de lui échapper définitivement. L'impossibilité de la substitution était un coup très dur ! Qui aurait pu la prévoir ? Tout cela à cause de la marque d'un Bi sur les fesses de l'enfant que l'Homme sans Peur était allé chercher au Sud-Ouest pour le ramener au Centre !

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Elle avait continué à passer ainsi ses nerfs, multipliant les remarques désobligeants et les griefs.

Poussée à bout, Renard Rusée s'était réfugiée dans sa chambre. Là, blessée au plus profond d'elle-même, elle avait cogné de rage et de dépit sa tête contre le mur jusqu'à se faire éclater la peau du front avant de tomber inanimée sur le sol.

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Il valait mieux ne pas trop s'en approcher.

Aucune armée, aucun général, ni même aucun commando suicide n'avait réussi à franchir le Pont-Crocodile sans y subir des dommages et des pertes irrémédiables. L'effet de surprise d'un abord par la rivière était donc l'unique chance de réussite de l'expédition d'Anwei.

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La mort du vieux monarque avait mis un terme aux recherches de Renarde Rusée. Zhong disparu, l'accusation conte Huayang n'avait plus la même portée ni les mêmes conséquences.

Elle avait alors remisé tout cela dans un tiroir. Depuis lors, sa maîtresse ne lui en avait plus jamais parlé.

Mais ce jour-là, les paroles si dures pour elle que la princesse Xia venait de prononcer avaient désagréablement ravivé le souvenir de ce que Renard Rusée avait toujours considéré comme une occasion manquée.

La dame de compagnie regardait, furieuse, les minuscules sillons rouges des griffures qui striaient la peau laiteuse de ses bras. L'attitude mensongère que venait d'adopter sa maîtresse et ce geste déplacé qu'elle avait eu à son encontre la remplissaient d'amertume et de ressentiment. Elle s'apercevait du mépris que la princesse otage, au fond d'elle-même, n'avait cessé de lui porter.

Après tant d'années passées à son service, et vécues par procuration tant elle s'appartenait peu, les sentiments qu'elle éprouvait à cet instant étaient si insupportables qu'elle préféra les enfouir en elle.

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L'interrogatoire était terminé.

Les trois hommes prirent congé en s'inclinant cérémonieusement devant la princesse du Zhao, tandis que le petit Yiren essayait, mais c'était plus difficile que la tortue, d'attraper une libellule qui venait de se poser sur une des rivières miniatures du jardin intérieur.

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Ses petits yeux noisette irisés de jaune s'étaient, à leur tour, embués. Son histoire n'avait rien à envier à celle de Huayang. Zhaoji n'avait jamais connus, et de loin, les joies de l'enfance.

Originaire du grand Etat méridional du Chu, dont le Qin était l'ennemi héréditaire, il lui en restait suffisamment de souvenir pour affirmer qu'elle était née de parents qui étaient des paysans pauvres d'un petit village perdu dans une morne plaine où les rizières s'étendaient à perte de vue.

Au cours d'une incursions des armées du Qin son village avait été brûlé et sa famille entièrement massacrée. Elle avait échappé miraculeusement au carnage. Elle n'avait pas trois ans, mais savait déjà chanter comme un rossignol. C'était un don qui lui était venu sans l'aide de quiconque, à force d'entendre les chansons des femmes pour se donner du courage lorsqu'elles travaillaient aux champs.

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Lubuwei, qui avait toujours la main contre son cœur, se leva pour serrer dans ses bras Hanfeizi tandis qu'un murmure d'approbation parcourait l'assistance qui n'était pas habituée à assister à un procès aussi haletant.

La surprise avait été totale, et la démonstration infaillible.

Ainsi que le prévoyait le code de la procédure pénale, le trio des juges s'était retiré dans une salle contiguë afin de délibérer.

La délibération fut longue.

Les juges ne pouvaient faire autrement que de tenir compte de ce coup de théâtre suscité par le bègue. Il rendait nécessaire la rédaction dun jugement très différent de celui qu'ils avaient préparé à l'avance. Lorsqu'ils eurent achevé de le graver au stylet sur sa planchette de catalpa, un roulement de tambour signala au public que le président du tribunal allait donner lecture de ses conclusions.

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