Ajouter un extrait
Liste des extraits
La nuit engourdissait la mer. Le ressac s'exténuait. Les colonnes, elles, tanguaient, un fracas émanait de leur base, je les sentais vibrer sous mes pas, tel un pavage inégal, descellé, livré au vent mauvais. La chaussée en fusion me parlait d'épopée et de passage, de cosmos commençant, de filiation et d'unité archaïque. Noirs amers de l'origine. La route sombrait, ornières liquides, axe fracassé. Porte marine. Il eût fallu descendre, plonger, aller jusqu'à l' Ω de ces lumières alcyoniennes. Vertige d'un continent de colonnes naufragées. Des pas de cendre dure. Quel sacrifice avait consommé la rupture et l'engloutissement de la route ? Nulle approximation scientifique ne saurait le dire. Il n'était, sur cette proue diffractée, de certitude, de vérité que de l'âme.
Afficher en entierJ'ai vécu dans l'instant...Plus les textes étaient froids, concassés, plus ils enchantaient. Univers des cocktails, des colloques, aventures avec des étudiantes... Tout y est passé... Galeries d'action painting... J'avais réussi à tuer en moi toute nostalgie...
_ Nostalgie de la Bretagne ? De Florence ?
_ Toute nostalgie. Tout ancrage. J'ai vécu dans le désert, le froid. Le glacé design, le glacé des appartements vitrés, cette négation horripilante de l'Histoire. L'acier, le verre, le souci excessif du plaisir et de la modernité. Ma femme baigne encore dans ces milieux-là. La facticité. J'aurais pu y périr Les concepts engendraient les concepts Littérature de laboratoire...
Afficher en entierPour celui qui l'a créé, le roman porte toujours en filigrane ses secrets de fabrique. Et, à cet égard, la lecture de Lonveigh aura ravivé des souvenirs qui flottaient en moi et que la fréquentation des pages de ce livre sombre et mouillé aura réssuscités et coagulés, me laissant à penser qu'un romancier n'a pas à tenir un journal ou à écrire le récit de sa vie, ses fictions étant comme les reliquaires où il dépose , au passage, la trace ou la matière de ce qui le hantait à ce moment-là de son existence.
Afficher en entierJe ne relis jamais mes livres. Ce sont comme des peaux mortes, des défroques lointaines, je continue à être appelé par les textes à venir, ce sont eux qui m'excitent et aimantent ma songerie.
Afficher en entier