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« Un vrai temps à mousserons d’automne. » Oui, car si le mousseron est principalement un champignon de printemps, il connaît une variété d’automne plus trapue, plus sombre mais non moins savoureuse. Je revois les maigres champignons de tout à l’heure. Je pense à mon enfance.
Afficher en entierJe pris un taxi et posai le pied sur mon trottoir habituel, désemparé par excès de disponibilité. Portant d’une main ma valise, de l’autre mon sac de cabine, je poussai du genou la grille du jardin et m’engageai dans l’allée. La nuit humide de novembre était tombée, mais la lumière glauque des réverbères éclairait le sol très distinctement. Je repousse d’un coup de botte un paquet de feuilles mortes et je découvre ce faisant une mince grappe de champignons. « Il fait un vrai temps à mousserons », pensai-je. L’intérieur de la maison est sinistre. Je suis parti, nom de Dieu, alors qu’est-ce que je fais là ? Le réfrigérateur n’a rien à m’offrir. La télé reste noire. Je tourne un moment dans des pièces désertes et trop bien rangées pour que je ne m’y sente pas un intrus. Je songe à aller manger un morceau dans le petit restaurant de la rue Le Sueur où l’on est servi jusqu’à minuit, puis cette perspective me fait horreur. Finalement, je me déshabille et je me couche
Afficher en entierMes rêves furent brutalement pulvérisés par le choc du réel, en l’occurrence un panneau pendu de travers au-dessus du guichet d’enregistrement de mon vol : ledit vol était annulé. Motif : une grève du personnel rampant de l’aéroport de Madrid. J’étais consterné. Voilà une chose qu’on n’aurait pas vue sous Franco ! Compte tenu des heures des vols suivants et du décalage horaire avec Rio, mon match de polo était dans le lac et j’avais fait franchir inutilement l’Atlantique à mes bourrins chéris. Mon épouse en prendrait son parti : elle adore l’avion, et mon Dieu un séjour en plein printemps brésilien n’a rien de tragique
Afficher en entierJ’avais en fin de semaine un match de polo à disputer à Rio de Janeiro. Je devais rejoindre ma femme qui y était partie quatre jours auparavant avec mes trois meilleurs chevaux. Il leur faudrait bien ce délai pour surmonter la fatigue et l’énervement de dix heures d’avion. Ma femme se ferait un plaisir de les monter sur piste pour les détendre. Homme de cheval, je me devais évidemment d’épouser une femme de cheval. C’est faute de ce genre de complicité qu’ont capoté mes deux précédents mariages
Afficher en entier— Ton médianoche de mer était exquis, dit encore Nadège. Je te nomme cuisinier en chef de ma maison. Tu seras le grand prêtre de mes cuisines et le conservateur des rites culinaires et manducatoires qui confèrent au repas sa dimension spirituelle
Afficher en entierUn groupe de convives s’était rassemblé sur la haute terrasse dont les pilotis s’avançaient jusque sur la grève. Ni Nadège, ni Oudalle n’aurait pu dire qui eut l’idée de raconter la première histoire.
Afficher en entierELLE. Quant aux remèdes proposés par la rhonchologie, le plus radical est la trachéotomie, c’est-à-dire l’ouverture d’un orifice artificiel dans la trachée pour que la respiration se fasse hors des voies nasales normales. Mais il y a aussi l’uvulo-palato-pharyngoplastie – pour les initiés l’u.p.p.p. – qui consiste à réséquer une partie du voile du palais, y compris la luette, et à en abattre les pointes de manière à limiter ses possibilités vibratoires
Afficher en entier— Mes sculptures de sable vivent, affirmait-il, et la preuve en est qu’elles meurent. C’est le contraire de la statuaire des cimetières qui est éternelle parce que sans vie
Afficher en entierLUI. Après tout, on permet bien à un chasseur d’appeler sa femme ma biche ou ma caille. Et puis quoi… Ondine, Mélusine, les Sirènes. La femme-poisson possède sa légende, ses prestiges ! Malheureusement un événement devait bouleverser notre franc-maçonnerie et du même coup ma vie privée. J’escalais à Saint-Pierre-et-Miquelon quand je reçus le 23 mars 1973 un télégramme laconique et péremptoire
Afficher en entierIl m’a fallu des années pour prendre mon parti de ce destin. J’ai fini par admettre que si ce n’était pas « beaucoup mieux », ce n’était pas non plus forcément une malédiction. Encore que ces deux qualités paraissent parfois s’exclure. Est-ce un signe d’intelligence ? J’ai un sens aigu de la bêtise et un flair infaillible pour la détecter. Quant aux hommes chez lesquels je l’ai repérée, j’oscille entre un rejet immédiat, radical et sans recours, et une indulgence amusée, un mépris teinté d’attendrissement. « Je t’en supplie : sois beau et tais-toi ! » J’en ai fait fuir plus d’un par cette prière
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