Extraits

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James s’arrêta à quelques pas de Mattie et, la voyant froncer les sourcils de ce petit air intrigué qu’il connaissait si bien, il eut un léger sourire. Son idée lui était venue soudainement, la veille, et il la trouvait bonne. Il avait eu tout le temps de la soupeser, de l’évaluer.

Oui, c’était une idée sensée et raisonnable. Il connaissait sa petite souris. Quand elle se serait faite à la nécessité d’un déménagement, elle serait du même avis que lui.

— Mattie, dit-il d’une voix égale, veux-tu m’épouser ?

Effrayée, affolée, Mattie se dit qu’il venait de lui arriver quelque chose d’épouvantable. Une sorte d’attaque, peut-être ? Une attaque qui lui avait brouillé le cerveau, donné des hallucinations auditives. Car il était impossible que James l’ait demandée en mariage !

Seigneur…

— Mattie ? fit James.

Malgré sa peur d’avoir subi un AVC potentiellement mortel, elle perçut son intonation amusée et comprit : c’était une blague ! Une blague pas drôle du tout. Comment osait-il lui faire un coup pareil ? Il aurait été bien attrapé si elle l’avait pris au mot et s’était jetée à son cou, le regard embué, en parlant de robe de mariée et de futurs bébés.

Elle avait aimé James sans espoir pendant tant d’années ! Elle était très tentée de le punir, de faire semblant de le croire. Mais en agissant ainsi, elle souffrirait beaucoup plus que lui. L’enlacer, le couvrir de baisers : l’extase tournerait vite à la torture.

Se forçant à bouger, elle gagna l’évier pour remplir la bouilloire — elle avait enfin repris ses esprits.

— Méfie-toi, James, dit-elle d’un ton neutre. C’est le genre de plaisanterie qui peut se retourner contre son auteur. Tu risques qu’on te prenne au sérieux.

— Mais je suis sérieux, Mattie, affirma-t-il derrière elle.