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Puerto Bolivar est au bord du Pacifique, tout près de Machala, au sud de Guayaquil. La mer est présente dans la brise qui parvient par moments à dissiper les bouffées d'air humide et chaud provenant de l'intérieur des terres. On peut voir et entendre la mer, mais on ne la sent pas.
A Puerto Bolivar on embarque les bananes équatoriennes pour le monde entier. A cinq kilomètres environ de la jetée s'ouvre un trouve vaste comme un stade de football et d'une profondeur inconnue. C'est là que finissent les tonnes de bananes impropres à l'exportation, soit qu'elles ont mûri trop tôt, soit qu'elles présentent des taches suspectes de parasites ou encore que le propriétaire de la plantation, ou le transporteur, a refusé de payer l'impôt prélevé par les mafias du secteur.
Le lieu se nomme La Olla [la marmite] et il est en ébullition permanente. Les milliers de tonnes de fruits en décomposition forment une pâte épaisse, nauséabonde et troublée de bulles. Tout ce qui ne sert plus finit à La Olla et ce monstrueux ragoût ne se nourrit pas uniquement de matières végétales, mais aussi des adversaires des caciques politiques qui y pourrissent avec plusieurs grammes de plomb dans le corps ou mutilés à coups de machette. La Olla mijote sans trêve. Sa puanteur est telle qu'elle repousse l'odeur de la mer et que même les charognards ne s'en approchent pas.
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