Ajouter un extrait
Liste des extraits
Quand il l’avait rencontrée, Caroline n’avait pas plu immédiatement à Samuel, ce à quoi il repensait parfois en éprouvant une petite gêne. Sans être laide, elle n’était pas non plus de celles qui donnent des torticolis aux garçons. La côtoyant par amis interposés au cours de leurs études universitaires, dans les 5 à 7 et les soirées dans les bars, il avait toutefois été peu à peu séduit par cette femme aux lèvres bien dessinées et à la poitrine généreuse. Elle n’avait pas toujours confiance en elle et s’appuyait sur lui à son insu. Cela donnait de l’importance à Samuel, le faisait se sentir fort à ses côtés. Il adorait ça. Qui plus est, Caroline était douce, attentionnée, drôle et réfléchie. Il la connaissait depuis plus de dix ans et il l’aimait toujours. Enfin, il croyait bien la connaître, mais en la voyant ce soir, ses mains gantées de jaune plongées dans l’eau savonneuse, la bouche tremblante et le regard dur, il eut des doutes. Son visage, habituellement si posé, menaçait de s’empourprer à nouveau. Deux fois en trois jours? Vraiment? Et toujours pour ce foutu potager? Samuel avait peine à le croire, mais sa femme semblait se métamorphoser devant lui. C’était un agneau à qui il poussait soudainement des griffes et une crinière, et ça, c’était plus surréaliste que tout le reste.
Afficher en entier« La justice se résumait-elle à cela maintenant ? Tout ça pour des vêtements et quelques sachets de nourriture déshydratée ? En quelques jours, Caroline avait connu une émeute pour des légumes et une tuerie pour des fringues. On en était là. Apparemment, chacun était prêt à tout, pour n'importe quoi. Cette pensée avait quelque chose d'effrayant, et c'était encore pire de constater qu'elle-même n'échappait plus à cette règle. » (p.308)
Afficher en entier