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À l’exception de Châtillon, les Francs jetaient des regards de tous côtés, cherchant dans l’entourage de Saladin une raison d’espérer, un indice, un espoir. Mais les Mahométans restaient de marbre. Quant au plus fidèle serviteur de Saladin, le chroniqueur Abu Shama – et qui, parce qu’il aimait les langues et en connaissait plusieurs, faisait office de traducteur –, il gardait la tête baissée. Lui d’ordinaire si loquace, bavard comme un perroquet, ne quittait pas des yeux les motifs entrelacés de ses babouches
Afficher en entierEnsuite, ce furent les dizaines, les centaines, les milliers de soldats, tous chrétiens, que les Mahométans avaient fait prisonniers. Morgennes reconnut également les étendards du roi de Jérusalem, ceux de nombreuses maisons nobles, ainsi que les bannières du Temple et de l’Hôpital
Afficher en entierCet homme est à moi, puisque vous n’en voulez pas. Saladin (qu’Allah l’ait en Sa sainte garde) a demandé qu’on arrête le massacre et qu’on fasse des prisonniers. Si Saladin, Honneur de l’Empire, Ornement de l’Islam, le demande, ce n’est pas à moi, son neveu, son humble serviteur, d’en décider autrement. Et vous devez m’obéir, tout comme j’obéis à Saladin, qui obéit lui-même à Allah, dont nous sommes tous les esclaves
Afficher en entierC’était fini. Il pouvait mourir. Morgennes se sentit défaillir. Son sang remontait vers son cœur, qui battait à tout rompre. Ses articulations étaient douloureuses, ses genoux tremblaient, ses mains n’avaient plus de force, sa vision se brouillait. Il voulut déglutir, mais il n’avait plus de salive. « C’est fini », pensa-t-il, harassé. « Ai-je seulement bien vécu ?
Afficher en entierLes cavaliers venaient au grand galop. Dans leur sillage grossissait un nuage de poussière où Morgennes aperçut – détail curieux – voler quelques insectes. Des mouches, des guêpes, ou des abeilles, il n’aurait su le dire. C’était la première fois qu’il était le témoin d’un pareil phénomène. Les infidèles avaient un air déterminé, et leurs faces ne laissaient transparaître aucune émotion. L’un d’eux tenait une lance, qu’il abaissa en éperonnant son cheval. Deux autres bandèrent leur arc, et décochèrent, debout sur leurs étriers, une salve de flèches. Les premières épargnèrent Morgennes, puis les tirs gagnèrent en précision. Les dernières se fichèrent dans son écu, et le lancier fut sur lui
Afficher en entierL’évêque continuait d’avancer, titubant comme s’il était ivre, ne prêtant plus attention à Morgennes. Par moments, il plongeait sa main vers le sol, et remontait une poignée de sable qu’il laissait aussitôt filer entre ses doigts en pleurant
Afficher en entierL’air frémit, la terre se mit à trembler. Des cavaliers approchaient ! L’odeur de taillis et de goudron brûlés se fit un peu moins forte. Morgennes s’arrêta. Il allait devoir se battre. Les pans de sa lourde cape noire flottaient derrière lui, fouettant l’air avec vigueur, y faisant claquer la grande croix blanche qui l’ornait
Afficher en entierSoudain retentit un fracas plus puissant que les hurlements de la tempête. Des voix se rapprochaient, dans un bruit de ferraille. Amies ou ennemies ? Un ordre en arabe s’éleva au-dessus du tumulte : — Attrapez-le ! Ne le laissez pas s’enfuir ! Les Sarrasins
Afficher en entierC’était la colline de Hattin. La veille au soir, les Francs s’y étaient arrêtés, après une journée de chevauchée dans le désert. Ils avaient longé les sommets enneigés de Tûr’ân et d’al-Shajara, laissé derrière eux les monts Lûbiya et Khân Madîn, franchi les hauteurs de Meskana, et s’étaient hâtés vers Tibériade, dont la ville était occupée et le château assailli par Saladin.
Afficher en entierAu fil des ans, elle donna au royaume chrétien de Jérusalem tellement de victoires que les Sarrasins fuyaient à sa vue. À Montgisard, en 1177, Baudouin IV, le petit roi lépreux, s’apprêtait à affronter vingt mille infidèles avec seulement cinq cents hommes. Il implora l’aide de la croix. Aussitôt, celle-ci s’éleva dans les airs, irradiant une étrange lueur. Tous ceux qui furent baignés par cette lumière se sentirent investis d’une force prodigieuse. L’armée mahométane fut écrasée. Saladin ne dut son salut qu’au sacrifice de sa garde rapprochée. Jamais il n’oublia l’affront subi ce jour-là ; il recruta mille mages et les somma de trouver le moyen de contrer les effets de la croix. Et, pour qu’on ne puisse pas les tenter ni les détourner de leur but, il leur fit crever les yeux et les enferma dans la plus profonde geôle de son palais du Caire
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