Commentaire de Aelynah

Et si l'histoire du café nous était contée? C'est peu ou prou ce que s'engage à faire Pascal Marmet dans son "Roman du café"

Le ton, le texte, l'émotion tout y est pour nous faire partager la passion de Julien pour le café. Ce jeune malvoyant de 20 ans, tout juste viré de la maison du café de son grand père où il a vécu et travaillé depuis sa plus tendre enfance, sait trouver les mots justes et les images les plus frappantes pour nous emmener avec lui dans sa passion, son plaisir des sens et sa recherche du bonheur au travers du monde et des plantations de café. Car c'est avec ses économies et sa meilleure amie Jo, qu'il décide de partir, sur un coup de tête, au Brésil tout d'abord découvrir l'autre facette de l'Amour de sa vie, le Café! Mais ce n'est pas seulement le café qu'il rencontrera ce sont aussi des personnes qui lui apporteront beaucoup tant sur sa passion que sur sa vie passée, présente et future. Un parcours initiatique rempli des arômes de tous les arabicas et robusta du monde qui vous ouvrira les yeux et les papilles.

Le Roman du café, n’est-ce pas paradoxal à lire pour une buveuse de thé et de chocolat ?

Je déteste ce breuvage au goût amer et fort pourtant j’ai voulu connaître son histoire au travers de l'Histoire de France et du monde mais aussi des légendes et contes de tous pays et religions.

Car le café est universel! Posez-vous la question, que deviendrait le monde sans café? ce carburant des hommes et des âmes, ce lien social entre tous, cette drogue même pour certains.

Omniprésent dans notre société et dans toutes les autres le café nous raconte dans ce livre son histoire au travers de la grande Histoire mais aussi des contes et légendes de chacun: telle l'histoire de Kaldi le chevrier ou de l'ange Gabriel et de Mahomet. Le café fait partie de toutes les civilisations, de toutes les religions.

Il fut découvert, perdu, rejeté et même interdit sous couvert de religions, santé ou économie. Ses détracteurs furent nombreux et divers, de la femme au foyer délaissée par un mari trop souvent au bistro, au viticulteur qui y voyait un ennemi de son enfant chéri le vin, en passant par la médecine qui y voyait l'origine de tous les maux.

Heureusement ses fans furet majoritairement gagnants en tous temps et tous lieux, qu'ils furent chrétiens ou musulmans, femmes ou hommes, le café fut déclaré vainqueur de cette lutte inégale.

Le cheminement de Julien à partir du moment où il se retrouve à la rue et un parcours initiatique sur la voie sacrée du café. L'auteur, au travers des conversations de Julien et Jo sait à la fois nous immerger dans un flot d'informations d'histoires et d'Histoire sur le café sans nous noyer, tel un vrai féru de ce breuvage.

Car l'auteur aime le café, il le dit lui même. Et tout nous prouve qu'il n'a point menti dans son prélude en parlant de sa propre addiction à ce breuvage. Car chaque description, chaque sentiment du héros sur ce petit grain noir est ressenti et expliqué par des mots vécus et savourés.

Son humour bon enfant fait sourire tel la présentation de Julien lui-même: "Je suis non-voyant [...]. Pour moi c'est un détail même si pour vous cela veut dire beaucoup de limites"

On y retrouve l'air musical de cette chanson de Michel Berger sans même s'en rendre compte elle nous trotte dans la tête à la lecture de ces mots.

On n'aurait pu croire trouver un discours professoral ou encyclopédique dans ce roman du café et pourtant les informations nous arrivent au fil de ses conversations avec Jo et comme dans une conversation avec des amis cela file doux telle une onde caressante. Vous apprenez sans vous en rendre compte des morceaux de l'Histoire au travers de celle du café et avancez sereinement sur le fil de la vie de Julien tel un acrobate aguerri.

Parfois même un arôme semble vous titiller le nez ou les papilles à l'évocation de ces notes fruitées ou végétales. Les descriptions des différentes techniques de torréfaction ou de préparation d'un bon café sont égrenées au travers de la tournée des bars et autres maisons de café dans laquelle se jettent nos deux protagonistes. Si vous ne connaissez pas Paris, c'est le moment de les suivre dans leurs pérégrinations au long cours. Un seul maître mot pour décider du chemin, le café, encore et toujours le café. Et c'est tellement bien ficelé et fluide que l'on ne se lasse pas.

Alors quand Julien prend la décision de partir vers là d'où vient cette cerise, nous sommes heureux de le suivre. Car au travers d'autres éléments que lui ne connaît pas mais qui nous sont minutieusement et savamment semés tel les cailloux du petit poucet, nous attendons avec impatience les découvertes qu'il va être amené à faire sur sa passion mais aussi sur sa vie.

Je ne bois pas de café, je ne l'aime pas mais j'avoue que ce livre aura eu l'honneur de me faire douter quelque peu. Car à le suivre ainsi au travers de ses aventures, il y a comme une personnification qui s'impose au fil de votre lecture, le café devient un personnage à part entière du roman. Et tout comme Julien l'encense, nous en venons à vouloir le rencontrer vraiment, le déguster tel qu'il est dit être la meilleure façon de le faire, nous promener dans ces maisons de café parisienne aux décors si différents et pourtant si semblables par leur origine commune.

Ce livre est donc à la fois une quête initiatique et un journal de voyage ou de visite sur le chemin du café, ce nouveau dieu que tous ou presque sont prêts à adorer pour peu qu'il leur soit servi à leur goût.

Merci à Babelio pour cette découverte. Entre apprentissage et excellent moment de lecture, ce livre m'a fait voyager.