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Fille de l'inceste, Eva Thomas avait terminé son autobiographie, Le Viol du silence, par des paroles de paix. Et voici qu'à nouveau tout bascule: d'avoir vu, dans un tribunal, une victime d'inceste condamnée pour diffamation, elle se retrouve en état de choc. Comment vivre quand la loi vous interdit de dire votre vérité? Mais c'est parler pour ne pas mourir ! Anéantie physiquement, Eva Thomas mettra près de deux ans à émerger, à retrouver le sang des mots, le sens de la vie, ses forces vives. Au récit de son effondrement, de sa lente renaissance viennent se mêler d'autres voix: celles des victimes qui, au sein de SOS Inceste - association qu'elle a fondée - témoignent avec elle, comme elle, de l'insoutenable réalité des conséquences du viol par le père.
Des questions naissent d'une réflexion sur l'inceste, élaborée pour la première fois de l'intérieur, à partir de rencontres avec de nombreuses victimes et des magistrats, des psychanalystes, des professionnels concernés par ce problème. Questions difficiles à entendre. A quoi sert le corps d'une petite fille violée dans l'économie familiale? Quel est le lien entre inceste, suicide et prostitution? En quoi l'inceste représente-t-il une des formes les plus achevées de la torture? Comment éviter que les pères violeurs ne deviennent des grands-pères violeurs? Pourquoi la prescription condamne-t-elle les victimes à porter la faute du père, souvent jusqu'à ce que mort s'en suive?
Un livre fort et beau; un ton unique, qui bouscule, ouvre des pistes, interroge...
Afficher en entierEva Thomas, abusée par son père, écrit Le Viol du silence en 1986. Elle crée au même moment l’association SOS Inceste et participe à une émission télévisée à visage découvert ; elle libère alors la parole sur les viols incestueux et se lance dans une campagne de dénonciation de ces crimes souvent secrets. Mais d’avoir vu, en juin 1989, une victime d’inceste condamnée pour diffamation, elle se retrouve en état de choc.
Le Sang des mots est le récit de cet effondrement, et de la lente renaissance qui l’a suivi. A la voix de l’auteur s’en mêlent d’autres : celles des victimes d’abord, mais aussi des magistrats, des psychanalystes et des professionnels concernés par ce problème. En ressort l’idée que le viol incestueux est un crime, et que c’est au tribunal que la réparation doit commencer. C’est seulement à partir de cette priorité du juge sur l’analyste qu’une psychothérapie pourra être entreprise. Mais interroger les dogmes reçus de la psychanalyse, c’est aussi permettre aux victimes condamnées au silence par la prescription de pouvoir se reconstruire.
Publié en 1992, Le Sang des mots est ainsi devenu un ouvrage de référence sur la question. Les aléas de l’édition l’avaient rendu introuvable. L’évolution des mentalités imposait qu’il fût réédité. Car le débat s’est, depuis, largement ouvert dans les médias ; le regard sur les victimes a changé, la prescription est en passe d’être modifiée.
Cette nouvelle édition est précédée d’une préface de Marie Balmary et d’une introduction inédite de l’auteur.
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