Extraits

C’était la première fois qu’il se trouvait si près de cette femme depuis qu’il avait été engagé par son régisseur. Elle était plus grande qu’il ne lui avait semblé. Mince. Elle portait une longue jupe d’équitation et une blouse. Elle paraissait très inquiète. Presque désespérée. Ce qu’il n’aurait jamais cru possible de la part de l’impérieuse propriétaire du C&C.

Il attendit qu’elle lui expliquât ce qu’elle faisait là en l’observant à travers ses yeux mi-clos, les paupières encore lourdes de sommeil et d’alcool.

Elle leva le menton et il retrouva aussitôt l’expression autoritaire et déterminée qu’il lui avait toujours vue. Du moins les rares fois où il l’avait approchée d’assez près pour distinguer son visage.

— J’ai besoin de votre aide, McClure. Alors je suis venue vous proposer un marché.

— Un marché ? répéta-t-il d’une voix éraillée. Quel genre de marché ?

— Le shérif Dunbar m’a dit que vous vous étiez trouvé impliqué dans une rixe, cette nuit, et qu’il y avait eu des dégâts importants dans le saloon. Dégâts dont vous avez été déclaré responsable.

— Ben voyons…, grommela-t-il pour lui-même.

Il jugea inutile de lui faire remarquer qu’en général on ne se bagarrait pas seul. Mais il avait déjà bien assez de mal à tenir debout et à essayer de suivre la conversation.

— Je suis prête à verser la caution nécessaire pour vous sortir de cette cellule… Je le suis également à dédommager le propriétaire du saloon pour les dégâts occasionnés.

Il n’était pas soûl au point de ne pas se rendre compte qu’il y avait forcément un hic. Une telle proposition ne se faisait pas contre rien.

— Vraiment ? demanda-t-il d’une voix traînante.

— Laissez-moi vous exposer la suite. J’ai besoin de conduire mon troupeau jusqu’à Dodge City. Immédiatement. Et j’ai besoin d’un homme capable de m’aider à le faire.

— Eh bien, trouvez-le !

— Vous ne comprenez pas…

Il la vit prendre une profonde inspiration, comme pour s’exhorter au calme.

— Je vous ai vu travailler. Vous êtes très efficace comme cow-boy. Tout à fait l’homme qu’il me faut pour conduire mon troupeau dans le Nord. Bref, conclut-elle après un court temps d’hésitation, j’ai besoin de vous.