Extraits

Numéro 3 :

Jonathan

L’infirmière est penchée au-dessus de moi avec une lumière dans la main quand je me réveille.

 Comment t’appelles-tu ?

 Quoi ? dis-je d’une voix rauque.

 Quel est ton nom ?

 Pourquoi me posez-vous une question aussi stupide ? Vous avez perdu vos papiers ? Je suis Jonathan Harvey !

L’infirmière éteint sa lampe et se relève.

 Rassure-toi. Il n’a rien. Mais tu dois rentrer chez toi. Je pense que tu couves une grippe, m’indique-t-elle.

Je tourne la tête et vois Sierra à côté de moi.

Mais qu’est-ce qu’elle fout ici ?!

 Je vais le raccompagner.

Je m’assois et demande :

 Qu’est-ce que je fais là ?

 Tu t’es évanoui dans les vestiaires tout à l’heure, répond Sierra.

 Pourquoi c’est toi qui m’as amené ici ?

 T’en a d’autres des questions idiotes ? s’exclame-t-elle en levant les yeux au ciel.

Elle m’emmène dans sa voiture sur le parking de l’école et nous partons.

Pendant le début du trajet, nous ne prononçons pas un mot. Cette journée est trop bizarre ! J’ai une migraine atroce. Je suis plus agile en sport. J’ai eu une hallucination. Et allez savoir comment, je me suis évanoui. Mais que Sierra, la gothique de la classe, me raccompagne chez moi ! Ça, c’est le summum de la bizarrerie ! Je ne peux me taire plus longtemps. J’ai trop de questions à lui poser.

 Pourquoi tu fais ça pour moi ? J’te signale qu’on n’a jamais été amis !

 Ça ne va pas tarder... renchérit-elle.

 Et pourquoi ça ? On n’a aucun point en commun !

 Détrompe-toi. On a plus en commun que tu ne le penses.

Décidément, elle adore parler en énigme !

 Tu pourrais être plus précise.

 Tu as dix-huit ans aujourd’hui, n’est-ce pas ?

 Et alors ?

 Alors, tu vas avoir besoin de mon aide. Ou plutôt, d’explications.

Nous nous arrêtons à un feu rouge. Elle tourne la tête vers moi.

 Mais de quoi tu parles ? m’écrié-je, interloqué.

 Comment te sens-tu aujourd’hui ?

 Normal ! Comme d’habitude... Où veux-tu en venir ?

 Vraiment ? Pas de migraine, aucun changement ? Rien du tout ? demande-t-elle d’une voix moqueuse.

- Comment sais-tu ce que je ressens ?

- Mais parce que je l’ai vécu aussi.

- Pourquoi ? Comment se fait-il que toi et moi ayons ressenti la même chose lors de nos dix-huit ans ?

- Te souviens-tu du cours de Mr. Haldos ?

- Ça n’a rien à voir !

- Au contraire… ça a tout à voir. La réponse se trouve dans le sujet même.

- Quoi ? Les Anges ?

- Oui.

On arrivait dans ma rue.

- Que sais-tu sur les Néphilims, Jonathan ?

Numéro 2 :

Sélène

Je sens que mes poumons vont exploser ! Je cours. Seule. Sans personne pour m’aider. À travers la nuit, je tente d’échapper à mes assaillants. La pleine lune est à son zénith. J’essaie d’éviter les branches, les feuilles et les arbres. Je ne peux pas utiliser mes ailes dans cette forêt. Je dois donc courir.

Je suis poursuivie par cinq anges déchus. Et pas n’importe lesquels ! Les hommes de Lucifer ! Autant dire mes ennemis. Je me suis lancée à leurs trousses, mais… comment dire... ils m’ont eu par surprise. J’ai sous-estimé leurs effectifs. Une erreur qui ne se reproduira pas ! Ça, je peux vous le garantir ! Du coup, ma seule et unique chance pour leur échapper est de rejoindre le lac. Je pourrai alors activer mon Portail. Sauf que je n’arrive pas à me débarrasser d’eux.

Je saute sur la branche d’un arbre et sors mon arme. Je vise l’endroit d'où mes assaillants devraient venir et j’attends.

Le rugissement d’un loup emplit soudain mes oreilles. Je distingue la voix d’un jeune homme appelant à l’aide. Une odeur de sang envahit mes narines. Instinctivement, je quitte ma position et cours le rejoindre. Je ne sais pas pourquoi je me suis lancée à son secours, mais c’est plus fort que moi. Je ne peux m’empêcher de sauver les humains lorsqu’ils sont en danger. Après tout, je ne suis pas comme ma famille qui les méprise. En fait, je ne vois pas pourquoi ils leur vouent une telle haine ! Haïr les anges déchus et leurs progénitures, voilà ce qui est normal ! Mais les humains ne représentent rien pour moi. Alors si je peux les aider, je le fais. C’est tout. Et quand je pense à ce que dirait mon père s’il savait cette bravoure en moi, il me traiterait de faible et de misérable. Pour lui les humains sont des êtres misérables, voués à la destruction. En cela, ils ne méritent pas notre aide et encore moins notre miséricorde. J’aime mon père ; il est le seul parent qu’il me reste. Mais je déteste sa façon de penser. Et le fait que je me trouve ici montre à quel point je ne suis pas obéissante. Je devrais même être en train d’essayer ma « robe de bal » en ce moment !

Guidée par l’odeur du sang, je me faufile à travers les arbres et... il est là. Seul, assis contre un arbre, il serre sa cuisse de sa main gauche. Son sang coule en abondance entre ses doigts. Quant à ses vêtements, n’en parlons même pas... Son jean est si sombre qu’on dirait qu’il a été aspergé d’encre noire. Sa chemise est déchirée et je peux voir les griffures infligées par le loup. Son sang coule sur le sol. Le loup dévoile ses crocs et se met à tourner autour de l’humain. Grâce à mes pouvoirs, je peux sentir la peur de celui-ci et sa respiration laborieuse. Son cœur bat très vite. Je sais que l’hémorragie ne cessera pas. En tout cas, pas sans mon intervention. Je grogne, frustrée par la fragilité de ces êtres.

Le loup se met en position et s’élance, la gueule ouverte, vers l’humain. Instinctivement, je sors mon arme et tire. Je sais que je n’aurais pas dû le faire car mes assaillants vont entendre la détonation. Néanmoins, je n’avais pas le choix. Ce loup l’aurait tué ! Et étrangement, rien que l’idée que cette bête aurait pu lui faire du mal me peine. La vie humaine est trop fragile et précieuse pour qu’on la gâche.

L’animal s’écroule sur le sol. Le jeune homme regarde la dépouille d’un air horrifié. Je sors de ma cachette et m’avance vers lui. Il semble avoir dix-sept ans, peut-être plus. Il faut dire que l’âge chez les humains est quelque chose d’assez complexe. Pour ma part, en tout cas. Ses cheveux bruns en bataille tombent autour de son visage. Des mèches sont collées par la sueur sur son front et ses joues. Il est mince, fort aussi, sportif sans doute...

Il essaie de se relever, mais pousse un cri de douleur avant de s’effondrer. Je le rattrape in extremis et parcours son visage. Ses yeux d’un brun si intense m’hypnotisent. Je n’arrive plus à détacher mon regard de lui. Pourtant, je tourne la tête.

Mais qu’est-ce que je fais ? Ce n’est qu’un humain !

Mais en le voyant ainsi, le désir de l’aider me consume. Je me transforme, déployant mes ailes d’une longueur de deux mètres. Ma tenue ne change pas, je porte toujours ma combinaison rouge. Il écarquille les yeux tandis que je me rapproche de lui. Tout son corps tremble.

- Qui es-tu ? murmure-t-il.

Numéro 1 :

Prologue

Son monde, deux camps : les Célestes, nobles et puissants anges dévoués au Créateur, et les Plèbes, les esclaves du royaume d’Angealios. Les Célestes sont constitués de plusieurs clans : les Séraphins, les Dominations, les Archanges, les Vertus et les Principautés. Leurs principaux chefs sont Mettatron (mon père), Zadkiel, Raphaël, Michaël et Haniel. Leurs rôles sont de protéger notre royaume. À l’intérieur même des Dominations se trouve les Puissances : de redoutables et de vigoureux anges guerriers. Les plus jeunes anges sont ainsi formés et entrainés afin d’accomplir la volonté du Créateur.

La guerre entre ces deux camps date de plusieurs siècles. D’après nos écrits, elle a éclaté à cause d’un seul ange : Lucifer, l’ange le plus orgueilleux et le plus impitoyable des Plèbes. Pour avoir créé une rébellion dans le but de s’emparer du trône de mon père et tué ma mère, Alexandra, il avait été banni du royaume. Cette punition n’était rien comparé à tout le mal qu’il avait fait subir à ma famille. Ce jour-là, nous avions remporté la victoire mais également perdu des êtres qui nous étaient chers. Et tous ceux qui ont suivi Lucifer ont été privés de leurs ailes et exilés sur la Terre. Ils sont ainsi devenus les déchus du royaume.

Malgré les six siècles qui se sont écoulés, leur but est resté le même : revenir à Angealios afin de détruire le Tout-Puissant. Faisant partie des Puissances, il est de mon devoir de protéger notre Seigneur et d’exterminer tous ceux qui tenteront de lui porter préjudice.

Mais avec le temps, Lucifer a rassemblé plus de monde autour de lui. Les armes ont évolué et la plupart des anges déchus se sont mêlés aux humaines, procréant des enfants avec elles. Ces abominations se nomment les Néphilims. Mi-humains et mi-anges, ils sont dotés des pouvoirs des anges et possèdent une âme humaine.

Bien que nos forces et nos effectifs aient diminué suite à cette rébellion, il nous est très rare de procréer ; seuls les Séraphins, les Archanges et les Dominations le peuvent ; les Vertus et les Principautés doivent se mélanger avec les plus puissants, les Célestes –, notre mission est toujours restée la même : les chasser et les éliminer un par un. Au fur et à mesure des siècles, nous tuions de plus en plus de Néphilims mais… nous ne devions pas tuer ceux qui avaient été déchus. Selon nos lois, ils avaient déjà payé leurs erreurs et les éliminer aurait fait de nous des meurtriers. Toutefois, il m’arrive de désobéir et d’en tuer quand l’envie m’en prend. Surtout quand ceux-ci sont des hommes de Lucifer.

Mais la tâche est devenue plus ardue. Les Néphilims ainsi que les anges déchus se cachent, effacent leurs traces, leurs odeurs. Il est presque impossible de les démasquer. Sauf s’ils se font remarquer.

Par conséquent, le seul moyen pour Sélène de les tuer est d’aller sur la Terre.

Une romance fantastique centrée autour des anges déchus et de leurs descendants, les Néphilims. Des clans rivaux. Une guerre qui perdure depuis plus de six siècles. Mais malgré tout un espoir. Celui que les anges déchus attendaient : Jonathan, l'arme qui leur permettrait de gagner la guerre. Pour les anges, il est l'homme à saisir à tout prix : ils envoient Sélène pour remplir cette mission. La rencontre entre ces deux-là risque d'être électrique.